Une alliance inédite qui secoue la droite
Dans la préfecture de l'Ain, une alliance entre des élus Les Républicains (LR) et un cadre de Reconquête !, le parti d'Eric Zemmour, fait trembler les équilibres politiques locaux. Cette union, qualifiée de "naufrage politique" par Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, place les instances nationales de LR dans une situation délicate.
Une liste sans étiquette, mais aux accents Reconquête
Sous le marché couvert de Bourg-en-Bresse, Benoît de Boysson, avocat de 43 ans et membre du bureau national de Reconquête !, mène une liste intitulée "Bourg Ambition". Malgré l'absence de logos partisans, cette alliance rassemble des figures locales de LR, comme Pierre Lurin, vice-président du conseil départemental de l'Ain, et Marie-Jo Bardet, conseillère municipale d'opposition.
"On se connaît, on est amis, et on a un projet ouvertement de droite pour Bourg-en-Bresse", défend Jacques Frénéat, adhérent de Nouvelle Energie, le parti fondé par David Lisnard, maire LR de Cannes. Une alliance qui, bien que non officielle, bénéficie d'un soutien logistique de Reconquête !, selon Thomas Culerrier, responsable des élections au sein du parti.
Un test pour l'union des droites
Pour Benoît de Boysson, cette expérience est un "laboratoire" pour l'union des droites, une idée défendue par Eric Zemmour. "Les partis ont beau résister, c'est ce qui va advenir", affirme-t-il, évoquant une tendance confirmée par les sondages.
Cependant, cette union se heurte à deux obstacles majeurs : le refus du Rassemblement national (RN) de participer, et le silence embarrassé de LR. Jérôme Buisson, député RN, a écarté toute alliance, préférant présenter une liste sous son étiquette. "Faire l'union des droites sans le premier parti de France, c'est riquiqui, ça ne marche pas", a-t-il déclaré.
LR divisé et embarrassé
Au sein de LR, les réactions sont partagées. Bruno Retailleau, président du parti, a choisi de ne pas sanctionner cette alliance, malgré les critiques internes. "On sait que Benoît de Boysson est Reconquête, mais s'il a réussi à embarquer des LR avec lui, c'est que ce n'est pas un fou furieux", justifie son entourage.
Cette stratégie pragmatique contraste avec les positions de Laurent Wauquiez, qui plaide pour une primaire présidentielle incluant des figures aussi diverses que Sarah Knafo (Reconquête !) et Gérald Darmanin (Renaissance). Une division qui reflète les tensions au sein de la droite française, alors que la gauche observe avec inquiétude cette dérive vers l'extrême.
Des électeurs sceptiques
Sur le marché de Noël, les réactions des Burgiens sont mitigées. Si certains, comme Gisèle, 45 ans, y voient une opportunité de sortir de l'immobilisme, d'autres, comme Sarah, 22 ans, expriment des réticences face à l'étiquette Reconquête !. "On essaie de ne pas aller vers les extrêmes", confie-t-elle.
Pour Jean-François Debat, maire socialiste sortant, cette alliance révèle un "point de bascule" de la droite. "Par son silence, LR cautionne le fait que les héritiers de de Gaulle deviennent les valets des héritiers du maréchal Pétain", dénonce-t-il.
Un enjeu national
Au-delà des enjeux locaux, cette alliance pourrait avoir des répercussions nationales, alors que la droite se prépare pour les élections de 2027. Dans un contexte de crise agricole, de tensions internationales et de montée des extrêmes, cette expérience burgienne pourrait servir de modèle ou de repoussoir.
Pour l'instant, les électeurs burgiens devront trancher entre une liste d'union des droites, une candidature RN et d'autres oppositions éparpillées. Un scrutin qui, quoi qu'il en soit, marquera un tournant dans la vie politique locale.