Un calendrier budgétaire sous tension
Alors que l'examen du projet de loi de finances pour 2026 bat son plein à l'Assemblée nationale, le gouvernement de Sébastien Lecornu est accusé de manipuler le calendrier pour éviter un vote potentiellement défavorable. Une décision controversée qui relance les tensions politiques à quelques jours de l'échéance constitutionnelle.
Une pause stratégique au cœur des débats
Jeudi 13 novembre, alors que les députés examinaient les recettes du budget, le gouvernement a annoncé que l'Assemblée ne siégerait pas pendant le week-end. Une mesure justifiée par la fatigue des députés et du personnel, mais perçue par l'opposition comme une tactique de retardement.
"Ils ne veulent pas que nous allions au vote !", a dénoncé Mathilde Panot (La France insoumise), tandis que Cyrielle Chatelain (écologistes) a qualifié cette décision d'inacceptable.
Un vote sur les recettes compromis
Initialement prévu pour lundi 17 novembre à 15 heures, le scrutin sur les recettes du budget semble désormais compromis. Avec plus de 1 600 amendements restants à examiner, les députés risquent de ne pas terminer à temps. Le gouvernement pourrait alors invoquer l'article 47-1 de la Constitution pour envoyer le texte au Sénat sans vote final.
"On voit la stratégie du gouvernement qui n'a pas envie qu'on vote. Il retarde le plus possible le moment où chacun devra se dévoiler", souffle un député du bloc central.
Les socialistes dans une position délicate
Les députés socialistes, en négociation avec Matignon, se retrouvent dans une situation politique délicate. Voter contre le budget signifierait perdre leurs amendements, tandis qu'un vote favorable serait politiquement inenvisageable pour une opposition. Une stratégie de flou qui profite au gouvernement.
"Le gouvernement recule le temps au maximum pour faire réfléchir les socialistes sur la censure et s'approcher des municipales", estime un député du socle commun.
Un scénario déjà vu avec le budget de la Sécurité sociale
Le même mécanisme avait été utilisé pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Le gouvernement avait envoyé le texte au Sénat sans vote final, évitant ainsi une défaite politique. Une pratique qui relance les critiques sur la transparence des procédures budgétaires.
Le gouvernement se défend
Sébastien Lecornu a tenté de rassurer :
"Il faut qu'il y ait un budget voté à l'Assemblée nationale."Mais cette déclaration peine à convaincre une opposition qui y voit une manœuvre.
"Il reste encore cinq jours ouvrés", a ajouté Mathieu Lefèvre, ministre des Relations avec le Parlement, tentant de minimiser la polémique.
Un budget sous haute tension politique
Alors que les débats s'éternisent, le gouvernement semble jouer un jeu dangereux. Entre la crise des finances publiques et les manœuvres politiques, le budget 2026 pourrait bien devenir un symbole des tensions actuelles à l'Assemblée nationale.
