Un rejet historique du budget, symptôme d'une Assemblée en crise
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, l'Assemblée nationale a marqué l'histoire de la Ve République en rejetant massivement la première partie du projet de loi de finances (PLF) 2026. Un seul vote positif contre 404 négatifs et 84 abstentions : ce résultat sans précédent révèle une fragmentation politique inédite, où toute la gauche, la droite et l'extrême droite ont fait front commun contre le gouvernement.
Le MoDem et une majorité des députés Renaissance, pourtant alliés traditionnels du pouvoir, ont choisi de s'abstenir, laissant le gouvernement isolé. Cette défiance collective interroge sur la capacité du gouvernement Lecornu II à mener une politique économique cohérente, alors que la crise des finances publiques s'aggrave.
Un budget bloqué, des conséquences immédiates
Conséquence directe de ce rejet, l'Assemblée n'examinera pas la deuxième partie du budget, celle des dépenses. Le texte initial du gouvernement repartira donc au Sénat sans intégrer les 125 heures de travaux des députés, une situation qui laisse un goût amer aux élus.
Si cette décision ne suscite pas encore d'inquiétude débordante, elle illustre pourtant une défiance croissante envers les institutions. Dans un contexte de crise des vocations politiques, ce rejet pourrait accélérer la désaffection des citoyens envers le jeu démocratique.
Le Sénat, dernier rempart avant l'impasse
Le Sénat, traditionnellement plus modéré, se retrouve désormais sous les feux des projecteurs. Les sénateurs devront trancher sur un texte déjà affaibli par le rejet de l'Assemblée, dans un climat politique tendu. La question de la majorité absolue au Sénat, où les forces politiques sont plus équilibrées, pourrait jouer un rôle décisif.
Certains observateurs estiment que cette crise budgétaire pourrait renforcer les divisions au sein de la majorité présidentielle, alors que les partis se préparent déjà pour les élections de 2027. La stratégie des partis pour 2027 pourrait ainsi être influencée par cette défiance institutionnelle.
Un budget sous tension dans un contexte international complexe
Alors que la France fait face à des défis majeurs, notamment la crise de la sécurité et les tensions internationales, ce rejet budgétaire intervient à un moment délicat. La montée des extrêmes en Europe, les tensions avec la Russie et la Chine, ainsi que les crises diplomatiques avec l'Algérie et les pays africains, compliquent encore la donne.
Dans ce contexte, le gouvernement devra naviguer entre rigueur budgétaire et attentes sociales, tout en maintenant la cohésion nationale. La COP30, prévue en fin d'année, pourrait également peser sur les décisions économiques, alors que la France cherche à affirmer son leadership écologique.