Le Sénat rétablit la réforme des retraites, défiant l’Assemblée nationale
Dans un contexte politique tendu, la commission des affaires sociales du Sénat a marqué un coup d’arrêt à la tentative de compromis sur la réforme des retraites. Samedi 15 novembre, les sénateurs de droite et du centre, majoritaires à la chambre haute, ont décidé de rétablir le relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans, une mesure pourtant suspendue jusqu’en 2028 par l’Assemblée nationale sous la pression des socialistes.
Un désaccord profond sur la réforme Borne
La décision du Sénat, largement soutenue par Les Républicains (LR) et les centristes, a suscité des réactions vives de la gauche. « C’est de la poudre de perlimpinpin », a dénoncé la sénatrice LR Pascale Gruny, critiquant un financement reposant sur les retraités eux-mêmes. À l’inverse, la rapporteuse centriste Elisabeth Doineau a assumé cette position, rappelant que le Sénat avait toujours soutenu cette réforme.
La gauche dénonce un « raidissement » de la droite
Les sénateurs socialistes et écologistes ont vivement réagi.
« La majorité sénatoriale se met dans une posture de refus de tout accord et de tout compromis »,a déploré Bernard Jomier (PS), évoquant un « raidissement très net » des forces conservatrices. Anne Souyris (EELV) a quant à elle dénoncé une « démarche de destruction » des travaux de l’Assemblée.
Un budget de la Sécu sous tension
Au-delà des retraites, les sénateurs ont adopté plusieurs mesures impopulaires, dont le gel des prestations sociales en 2026, habituellement indexées sur l’inflation. Une décision supprimée par les députés, mais rétablie par la commission sénatoriale, à l’exception des pensions inférieures à 1 400 euros.
Un déficit réduit, mais au prix de mesures sociales
Les sénateurs justifient ces choix par la nécessité de « nettoyer » le budget de la Sécu, visant un déficit ramené à 15,1 milliards d’euros, contre 17,5 milliards prévus initialement. Olivier Henno (centriste) a défendu cette approche, affirmant vouloir « tenir le cap des comptes publics ». Une position en contradiction avec l’Assemblée, où le déficit est estimé à plus de 24 milliards.
La CSG sur les revenus du capital aussi dans le viseur
Le Sénat a également supprimé la hausse de la CSG sur les revenus du capital, une mesure adoptée par les députés socialistes et qui devait rapporter 2,8 milliards d’euros en 2026. Une décision qui alimente les critiques sur un budget « favorable aux plus aisés ».
Un bras de fer parlementaire à venir
Les débats en séance publique, prévus à partir de mercredi, s’annoncent houleux. Les sénateurs repartiront du texte modifié par les députés, mais les amendements adoptés en commission devront être revotés. Dans ce contexte, la gauche craint un « retour en arrière » sur les avancées sociales, tandis que la droite assume une ligne dure sur les finances publiques.
Un enjeu politique avant 2027
Cette opposition frontale entre les deux chambres reflète les tensions politiques à quelques mois des échéances électorales. Alors que le gouvernement Lecornu tente de naviguer entre compromis et rigueur budgétaire, les partis se positionnent déjà pour les élections de 2027. La réforme des retraites, symbole des clivages, reste au cœur des débats.