Le Sénat relance la polémique sur les retraites
Alors que l'Assemblée nationale avait suspendu la réforme des retraites jusqu'en 2028, le Sénat, dominé par la droite et le centre, a décidé de rétablir cette mesure controversée. Une décision qui relance les tensions entre les deux chambres et illustre les clivages politiques profonds sur la question sociale.
Un budget sous haute tension
L'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en commission des affaires sociales du Sénat a été l'occasion pour la majorité sénatoriale de marquer son opposition aux mesures adoptées par les députés. Parmi les décisions les plus symboliques, le rétablissement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, une mesure que le Premier ministre Sébastien Lecornu avait pourtant concédé aux socialistes pour apaiser les tensions.
"C'est de la poudre de perlimpinpin", a dénoncé la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny, critiquant un financement reposant "sur les retraités eux-mêmes".
La gauche dénonce un "raidissement" politique
Les sénateurs de gauche ont vivement réagi à cette décision, y voyant une volonté de bloquer toute avancée sociale. "La majorité sénatoriale se met dans une posture de refus de tout accord et de tout compromis", a regretté le socialiste Bernard Jomier. L'écologiste Anne Souyris a quant à elle dénoncé une "démarche de destruction" plutôt que de construction.
D'autres mesures controversées rétablies
Les sénateurs ont également proposé le gel des prestations sociales en 2026, une mesure supprimée par les députés. Le gel des pensions de retraite a été rétabli, à l'exception des pensions inférieures à 1 400 euros. "Notre ambition, c'est de nettoyer tout ce qui nous paraît aberrant en termes de prélèvements nouveaux et de déficit accru", a justifié le centriste Olivier Henno.
Un parcours législatif semé d'embûches
Le texte doit maintenant être examiné en séance publique au Sénat avant de retourner à l'Assemblée nationale. Les débats promettent d'être âpres, alors que le gouvernement doit respecter des délais constitutionnels stricts. Le PLFSS doit être adopté avant le 12 décembre, sous peine de voir le gouvernement recourir aux ordonnances.
Un contexte politique explosif
Cette bataille parlementaire s'inscrit dans un contexte de crise des finances publiques et de crise des vocations politiques, alors que les partis se préparent pour les élections de 2027. La droite sénatoriale, en position de force, semble déterminée à imposer son agenda, malgré les critiques de la gauche et des syndicats.