Un congrès sous tension
Alors que le congrès des maires de France s'ouvre ce lundi 17 novembre à Paris, l'ambiance est loin d'être festive. Pourtant, l'événement, qui rassemble 12 000 congressistes, 400 journalistes et une dizaine de ministres, dont le Premier ministre Sébastien Lecornu, aurait pu ressembler à une grand-messe politique. Mais derrière les discours officiels, c'est un cri d'alarme qui monte des élus locaux.
La décentralisation, un leurre ?
Depuis 2017, Emmanuel Macron promet une décentralisation renforcée. Pourtant, les maires dénoncent une réalité bien différente. « L'État supprime les impôts locaux, multiplie les injonctions contradictoires et nous noie sous les normes », déplore un élu de Haute-Saône. « On est en train de tout transférer aux intercommunalités. Il me reste l'eau, les forêts et les emmerdes. »
L'intercommunalité, un « suicide » des communes
La réforme territoriale, lancée sous François Hollande et poursuivie par Macron, est au cœur des critiques. « Si on n'est là que pour le cimetière et la divagation des chiens, ça sert à quoi d'être maire ? », s'interroge un autre élu. Pour beaucoup, c'est la fin des communes telles qu'on les connaît : « On va devenir des villes fantômes le jour et dortoirs la nuit. »
Un pouvoir local étouffé
Le poids des normes, toujours plus lourd, empêche les maires d'agir. « On nous empêche d'avancer », résume un édile. Pendant ce temps, l'État centralise toujours plus les décisions, laissant aux élus locaux un rôle de simple exécutant. Une situation qui alimente un sentiment d'impuissance et nourrit la crise des vocations politiques.
Un congrès sous haute surveillance
Alors que les élections municipales approchent (15 et 22 mars 2026), le gouvernement tente de rassurer. Sébastien Lecornu, attendu au congrès, devrait annoncer des mesures pour « redonner du pouvoir aux territoires ». Mais les maires, eux, ne croient plus aux promesses. « On nous parle de décentralisation, mais on nous vide de notre substance », répète un élu.
Un désamour grandissant
Dans un contexte de crise des finances publiques et de défiance envers les institutions, les maires paient le prix fort. Leur rôle, pourtant central dans la démocratie locale, est de plus en plus contesté. « Les Français nous aiment, mais l'État nous méprise », résume un maire. Un paradoxe qui pourrait bien se payer lors des prochaines élections.