Un vote crucial sous tension
Mardi, l'Assemblée nationale doit voter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), mais le texte est en péril. Edouard Philippe, patron du parti Horizons, a officiellement demandé à ses 34 députés de s'abstenir, jugeant le budget « insuffisant ». « Ce texte ne nous satisfait pas et nous ne pouvons pas le voter », a-t-il déclaré sur LCI lundi soir, confirmant une position déjà affichée depuis plusieurs semaines.
Une opposition stratégique
L'ancien Premier ministre, désormais maire du Havre, a insisté sur le fait qu'il « n'est pas un artisan du chaos », tout en refusant de soutenir un texte qu'il estime « déséquilibré ». « Le compte n'y est pas », a-t-il martelé, tout en affirmant respecter les convictions des socialistes. Une posture qui pourrait affaiblir le gouvernement Lecornu, déjà sous pression.
La gauche mobilisée pour sauver le budget
De son côté, le Parti socialiste, mené par Olivier Faure, a appelé ses députés à voter en faveur du PLFSS, malgré les réticences des Républicains (LR) et d'Horizons. « Nous ne pouvons pas laisser ce budget sombrer », a insisté Faure, soulignant l'importance des financements pour l'hôpital et la médecine de ville.
Un amendement tardif pour apaiser les écologistes
Face aux critiques, le gouvernement a tenté de rassurer en déposant un amendement pour porter l'objectif des dépenses de l'assurance maladie de 2% à 3%. Une mesure saluée par la gauche, mais accueillie avec méfiance par les écologistes. « J'ai l'impression que les écologistes comptent pour le gouvernement depuis à peu près trois jours », a ironisé Marine Tondelier, présidente du parti, sur BFMTV. Elle a également interrogé la sincérité de cette hausse : « Est-ce que c'est vraiment de l'argent en plus pour les hôpitaux ? »
Un gouvernement en équilibre instable
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a renoncé à utiliser le 49.3 pour faire adopter le texte, voit son avenir politique suspendu à ce vote. Même si la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a minimisé l'impact d'une éventuelle démission, la situation reste tendue. La gauche, quant à elle, pourrait profiter de cette crise pour renforcer sa position avant les prochaines échéances électorales.
Un budget sous le feu des critiques
Au-delà des enjeux politiques, c'est le contenu même du budget qui est contesté. Les 2% initialement prévus pour l'assurance maladie étaient jugés trop faibles pour répondre aux besoins croissants du système de santé. La hausse à 3% pourrait atténuer les tensions, mais les écologistes et une partie de la gauche exigent des garanties concrètes sur l'utilisation de ces fonds.
Une crise qui dépasse le cadre budgétaire
Cette affaire révèle aussi les divisions au sein de la majorité présidentielle, entre modérés et partisans d'une ligne plus dure. Edouard Philippe, en refusant de soutenir le gouvernement, envoie un signal fort à l'aile droite de la majorité, tout en se positionnant comme un recours possible pour 2027. La gauche, elle, tente de capitaliser sur cette faiblesse pour renforcer son influence, notamment sur les questions sociales et sanitaires.