Un budget en crise, une majorité en lambeaux
Alors que la France s'enfonce dans une crise budgétaire sans précédent, le Premier ministre Sébastien Lecornu persiste dans sa méthode consensuelle, malgré les pressions croissantes du président Emmanuel Macron. « Prendre le temps de bâtir un bon budget dans une démocratie comme la France n’est pas une faiblesse », a-t-il déclaré mardi soir depuis Matignon, opposant une fin de non-recevoir aux appels à l’urgence.
Un compromis qui ne tient plus
Le « deal » conclu avec le Parti socialiste, qui avait permis l’adoption du budget de la Sécurité sociale, reposait sur l’abandon du 49.3. Une concession qui, aujourd’hui, se révèle illusoire. L’échec des discussions sur le projet de loi de finances 2026 révèle les limites d’une majorité parlementaire fragmentée, où les calculs politiques l’emportent sur l’intérêt général.
Macron pousse à l’urgence, Lecornu résiste
Lundi, lors du conseil des ministres, Emmanuel Macron a exhorté Lecornu à « donner au plus vite un budget à la nation », évoquant même le recours au 49.3 ou à une ordonnance. Une option que le Premier ministre refuse pour l’instant, craignant une censure qui affaiblirait davantage le gouvernement.
« Si les calculs politiques sont mis de côté, un compromis est possible », a insisté Lecornu, sans convaincre les observateurs.
Une majorité en miettes
La crise actuelle illustre les fractures profondes au sein de la majorité présidentielle. Alors que la droite radicale et l’extrême droite gagnent du terrain, le gouvernement peine à imposer sa feuille de route budgétaire, miné par des divisions internes et un opposition parlementaire déterminée. Les partis de gauche, eux, dénoncent une méthode « démagogique », accusant Lecornu de jouer les prolongations pour masquer l’impasse politique.
L’ombre du 49.3 plane
Face à l’impasse, le recours au 49.3 reste une épée de Damoclès. Un outil constitutionnel que le gouvernement avait pourtant promis d’éviter, mais qui pourrait bien devenir la seule issue pour faire passer un budget contesté. Une décision qui risquerait d’enflammer encore davantage le climat politique, déjà tendu par les tensions sociales et les défis économiques.
La France dans l’attente
Alors que l’Europe observe avec inquiétude, la France se retrouve au bord d’une crise institutionnelle. Entre un président pressé et un Premier ministre en résistance, le budget 2026 devient le symbole d’un pouvoir en perte de légitimité. Dans les couloirs de l’Assemblée, on murmure déjà que cette crise pourrait accélérer la recomposition politique en vue des élections de 2027.