Une manifestation antifasciste face à la montée des nationalistes
Des milliers de manifestants ont défilé dimanche 30 novembre à Zagreb pour dénoncer la résurgence des idées d'extrême droite et le révisionnisme historique en Croatie. Trois autres rassemblements similaires ont eu lieu dans des villes côtières, reflétant une inquiétude grandissante face à la radicalisation politique dans le pays.
Un contexte historique lourd
La Croatie, ancienne république yougoslave, est marquée par un passé complexe. Son indépendance en 1991 a déclenché une guerre sanglante avec les Serbes locaux, soutenus par Belgrade, faisant près de 20 000 morts. Aujourd'hui, les tensions resurgissent, alimentées par des groupes nationalistes qui minimisent ou nient les crimes commis par le régime oustachi pendant la Seconde Guerre mondiale.
La menace oustachi, un spectre qui plane
Les oustachis, mouvement fasciste ayant collaboré avec l'Allemagne nazie, ont perpétré des massacres contre les Serbes, les Juifs, les Roms et les Croates antifascistes. Leur héritage reste un sujet sensible, et leur réhabilitation par certains cercles politiques alarme les défenseurs de la démocratie.
"Les fascistes n'ont plus honte et ne se cachent plus",
ont dénoncé les organisateurs de la manifestation, appelant à résister à "la violence, le révisionnisme historique et l'intimidation". Un participant, étudiant en ingénierie, a souligné :
"Nous avons un problème de renaissance large de l'idéologie oustachi."
L'Europe observe avec préoccupation
Cette montée des extrêmes en Croatie intervient dans un contexte européen déjà tendu, marqué par la guerre en Ukraine et les tensions avec la Hongrie, où le Premier ministre Viktor Orbán cultive des liens étroits avec les nationalistes croates. L'Union européenne, engagée dans la promotion des valeurs démocratiques, suit de près l'évolution de la situation.
Un défi pour la stabilité régionale
La Croatie, membre de l'UE depuis 2013, doit concilier son héritage historique avec les exigences d'une démocratie moderne. Les récentes violences contre la minorité serbe et la banalisation des discours haineux soulèvent des questions sur la capacité des institutions à contenir cette dérive. Les prochaines élections pourraient être un test crucial pour l'avenir politique du pays.