Un dérapage budgétaire qui aurait pu être évité
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, a pointé du doigt les responsabilités politiques dans le dérapage du déficit public en 2024, révélant que les alertes du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) avaient été ignorées par l'Élysée. Dans une interview exclusive, il a souligné que la prévision de croissance était surévaluée, tout comme les recettes fiscales, mais que ces mises en garde n'avaient pas été prises au sérieux.
La lettre secrète de Bruno Le Maire
Une lettre confidentielle du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, adressée à Emmanuel Macron en avril 2024, a été révélée. Dans ce document, il mettait en garde contre une dérive des comptes publics et proposait un budget rectificatif pour limiter le déficit à 4,9% du PIB. Cependant, ses recommandations n'ont pas été suivies, entraînant un déficit final de 5,8%, soit un écart de plus de 40 milliards d'euros.
Moscovici appelle à une solidarité politique
Pierre Moscovici a insisté sur la nécessité d'une approche prudente en matière budgétaire, critiquant l'optimisme excessif des prévisions.
"Dans un débat budgétaire, il faut toujours dire la vérité."Il a également plaidé pour des pouvoirs contraignants pour le HCFP afin de limiter "l'hubris du politique".
La droite sous pression
Alors que la gauche accuse le gouvernement de négligence, la droite est sous le feu des critiques pour son manque de rigueur. Des voix s'élèvent pour demander des explications sur les raisons de l'échec des prévisions économiques. Moscovici, qui quittera ses fonctions fin 2025 pour rejoindre la Cour des comptes européenne, a refusé de se mêler à la polémique, mais son discours laisse peu de place au doute : la responsabilité est collective.
Un budget 2026 sous surveillance
Alors que le gouvernement prépare le budget 2026, les observateurs s'interrogent sur la capacité de l'exécutif à corriger le tir. Moscovici a rappelé l'importance de garder un déficit en dessous de 5% pour préserver la crédibilité économique de la France. Une mise en garde qui pourrait peser lourd dans les négociations à venir.