Un débat toujours sensible dix ans après les attentats
Dix ans après les attentats du 13-Novembre, la France peine toujours à nommer clairement la menace islamiste. Un constat partagé par de nombreuses figures politiques et intellectuelles, qui soulignent la persistance d'une gêne collective face à ce terme.
Un silence politique révélateur
Dans le monde politique, l'usage du mot islamisme reste délicat. Certains y voient une précaution légitime pour ne pas stigmatiser les musulmans de France, tandis que d'autres dénoncent un cynisme électoral qui évite soigneusement de nommer l'ennemi. Le magazine de la ville de Paris, publié cette semaine pour commémorer les attentats, en est un exemple frappant : il évoque les commandos meurtriers
et la barbarie
, mais jamais l'idéologie des terroristes.
La gauche divisée sur la question
Au sein de la France insoumise, les tensions sont vives. François Ruffin, ancien membre du parti, a violemment critiqué Jean-Luc Mélenchon pour sa dérive communautariste
, l'accusant de racialiser
la politique. Une fracture qui illustre les divisions au sein de la gauche sur la manière d'aborder la question islamiste.
Les conséquences d'un silence dangereux
Ce refus de nommer clairement la menace a des conséquences politiques. Comme le soulignait Albert Camus, mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde
. En évitant le terme islamisme, on crée un amalgame dangereux entre les musulmans de France et les terroristes. Une confusion que le Rassemblement National exploite habilement, en liant immigration, islamisme et insécurité.
L'opinion publique en mutation
Une enquête récente révèle que l'opinion publique associe de plus en plus les attentats à des tensions religieuses et culturelles
, voire au nombre d'immigrés en France
. Une évolution qui inquiète les défenseurs de la laïcité et de la cohésion nationale.
Les voix qui s'élèvent
Parmi ceux qui dénoncent cette ambiguïté, on trouve des intellectuels et artistes issus de pays musulmans, comme Kamel Daoud ou Boualem Sansal, récemment libéré en Algérie. Leur combat pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme rappelle l'urgence de nommer clairement les menaces qui pèsent sur la République.