Une élection contestée et des soupçons de fraude
L'élection du nouveau président des Jeunes en Marche (ex-Jeunes avec Macron) a plongé le mouvement dans une crise inédite, révélant des tensions profondes au sein de la macronie. Le 29 juillet dernier, la liste "La Relève", menée par Louis Roquebert, proche de Gabriel Attal, a remporté 63% des voix face à "RéUnis", portée par Nolwenn Pelven, candidate plus macroniste.
Pourtant, derrière cette victoire apparente, les accusations de fraude électorale se multiplient. Seuls 2 637 adhérents sur les 27 000 revendiqués ont participé au scrutin en ligne, un chiffre jugé suspect par plusieurs militants. Gérald*, un cadre de "RéUnis", affirme que les votes de l'adversaire sont arrivés en masse en fin de scrutin, avec un écart de plus de 600 voix.
Les soupçons portent sur la possibilité de fausses adhésions et de bourrage d'urnes électroniques, un problème récurrent dans les associations politiques de jeunes où l'adhésion se fait souvent sans vérification d'identité.
Un scrutin entaché et des conditions de vérification controversées
La liste perdante a demandé à consulter la liste d'émargement pour vérifier l'identité des votants. Cependant, la commission électorale a imposé des conditions draconiennes : consultation en version papier, sous surveillance, sans possibilité de prendre des notes. Nolwenn Pelven a jugé ces conditions inacceptables et a refusé de consulter la liste.
La direction des Jeunes en Marche a nié toute fraude, qualifiant les accusations d'infondées. Louis Roquebert a déclaré :
"Les Jeunes en Marche avancent et travaillent au service de la jeunesse et du pays."Ambroise Méjean, ancien président, a affirmé que la liste d'émargement avait été détruite pour respecter le RGPD, une justification contestée par les opposants.
Une crise politique et idéologique
Cette élection a révélé des divisions profondes au sein des Jeunes en Marche, entre ceux qui soutiennent la ligne de Gabriel Attal et ceux qui veulent renouer avec l'esprit originel de Macron en 2017. Plusieurs cadres historiques du mouvement critiquent la montée en puissance de Roquebert, un communiquant de 23 ans, jugé trop proche des réseaux sociaux et éloigné des valeurs initiales.
Albane Branlant, conseillère de Gabriel Attal, a finalement renoncé à se présenter, évoquant des attaques personnelles. Nolwenn Pelven, en charge des idées, a pris le relais, mais le mouvement semble au bord de l'implosion, selon plusieurs sources internes.
Un mouvement en quête de légitimité
Alors qu'Emmanuel Macron appelle les jeunes à rester mobilisés pour les prochaines échéances, les Jeunes en Marche peinent à se renouveler. L'impopularité record du président et le désengagement des jeunes de la politique pèsent lourdement sur le mouvement.
Dans les coulisses, la bataille pour le contrôle du mouvement s'intensifie, avec des tensions sans précédent au sein du Conseil national. Certains cadres regrettent une perte de démocratie et un écart croissant avec les militants de base.
Alors que la France se prépare pour les municipales et la présidentielle de 2027, les Jeunes en Marche doivent trouver une nouvelle boussole, sous peine de disparaître dans l'oubli politique.