Un patrimoine national en péril
Le ministère de la Culture, sur instruction de l'Élysée, a lancé une procédure de classement au titre des monuments historiques pour La Boisserie, la demeure du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises. Cette initiative, portée par Emmanuel Macron, vise à empêcher que ce lieu emblématique ne tombe dans des mains étrangères ou ne soit négligé par ses propriétaires actuels.
Une décision unanime mais controversée
La Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA) a émis un avis favorable à l'unanimité, ouvrant la voie à ce classement. Cependant, le processus doit encore être validé par un décret en Conseil d'État, après consultation des trois fils du Général, propriétaires du lieu. Parmi eux, Pierre de Gaulle, connu pour ses liens avec la Russie de Vladimir Poutine, possède désormais 50 % de la propriété, ce qui soulève des inquiétudes quant à l'avenir du site.
Un héritage menacé par les intérêts privés
Le maire de Colombey-les-Deux-Églises, Pascal Babouot, exprime ses craintes :
"Il ne faudrait pas que les enfants cèdent aux sirènes des grands magnats financiers qu'on pourrait trouver dans le monde entier."Il craint que la vente à des intérêts étrangers ne bafoue l'image du Général et ne prive les Français de ce lieu de mémoire.
L'État veut reprendre le contrôle
L'Élysée insiste sur la nécessité de maintenir La Boisserie "sous le magistère moral de l'ordre des Compagnons de la Libération". Le département de Haute-Marne, désormais en charge de l'accueil du public, a proposé un rachat, mais l'exécutif privilégie une gestion par une institution dédiée, comme le centre des monuments nationaux, plutôt que par une instance politique.
Un enjeu de souveraineté culturelle
En cas de classement, l'État pourra préempter le bien en collaboration avec la commune. Les descendants du Général auront la responsabilité de la conservation, mais l'État pourra imposer des travaux si nécessaire. Cette mesure s'inscrit dans une volonté plus large de protéger les symboles nationaux des influences étrangères, alors que la France fait face à des défis croissants en matière de souveraineté culturelle.
Un conflit familial et politique
Depuis le 1er octobre, la Fondation Charles de Gaulle, en conflit avec la famille, a quitté la gestion du site. Cette tension illustre les divisions au sein même de l'héritage gaulliste, alors que la droite française peine à trouver une unité face aux défis contemporains. La décision de Macron pourrait ainsi être perçue comme une tentative de recentrer le débat sur les valeurs républicaines, face à une extrême droite en pleine ascension.