Un héritage révolutionnaire menacé
C'est un pan de l'histoire parlementaire française qui pourrait disparaître. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, souhaite mettre fin aux séances de nuit, un symbole remontant à la nuit du 4 août 1789, où les privilèges furent abolis. Si les présidents de groupe valident cette réforme mercredi 3 décembre, les travaux s'arrêteront désormais à 21 heures dès janvier 2026, au lieu de minuit. Une décision qui suscite des interrogations sur la modernisation des institutions, mais aussi sur la perte d'un rituel démocratique.
Une réorganisation controversée
En contrepartie, les séances débuteront plus tôt le lundi, à 14 heures au lieu de 16 heures, et les après-midis seront légèrement avancés. Cette réorganisation entraînera une perte de deux heures de débat entre le lundi et le jeudi, le vendredi restant consacré aux circonscriptions. Des exceptions sont prévues pour les périodes budgétaires et les journées réservées aux groupes d'opposition, où le temps est souvent compté.
L'ambivalence des nuits parlementaires
Les séances nocturnes à l'Assemblée ont deux visages. D'un côté, une atmosphère ouatée, où les députés, moins sollicités par les médias et les collaborateurs, travaillent dans une relative sérénité. De l'autre, une fatigue qui peut accélérer les débats, parfois au détriment de la qualité des échanges. « Les nuits à l'Assemblée, c'est le théâtre des compromis et des coups de force », confie un député sous couvert d'anonymat.
Un débat qui dépasse le cadre institutionnel
Cette réforme s'inscrit dans un contexte plus large de crise des vocations politiques, où la lassitude des citoyens envers les institutions se fait sentir. Certains y voient une modernisation nécessaire, d'autres une énième atteinte à la démocratie participative. « On ne réforme pas l'Assemblée comme on réorganise un open space », critique un opposant.
L'Europe en exemple ?
Alors que la France s'interroge sur son modèle parlementaire, d'autres pays, comme la Norvège ou l'Islande, ont déjà opté pour des horaires plus raisonnables. « Pourquoi ne pas s'inspirer de nos voisins européens, qui allient efficacité et respect du travail parlementaire ? » interroge un expert en droit constitutionnel.
Les enjeux de 2027
Cette réforme pourrait aussi influencer la stratégie des partis pour 2027, avec des débats moins médiatisés en soirée. « Les nuits étaient un terrain de jeu pour les oppositions », souligne un stratège politique. Reste à savoir si cette modernisation saura convaincre les Français, déjà sceptiques face aux institutions.