Une commission d'enquête inédite pour scrutiniser l'audiovisuel public
Dans un contexte politique tendu, l'Assemblée nationale s'apprête à lancer une commission d'enquête sans précédent sur l'audiovisuel public. À l'initiative d'Éric Ciotti, président de l'Union des droites pour la République (UDR), cette initiative suscite déjà des critiques vives de la part des opposants, qui y voient une manœuvre politicienne.
Un objectif affiché : la neutralité et le financement
Le député Charles Alloncle, rapporteur de la commission, a souligné que jamais une telle enquête parlementaire n'avait été menée sur les médias publics. Entre novembre et avril, une cinquantaine d'auditions sont prévues pour examiner la neutralité, le fonctionnement et le financement de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, l'INA, Arte, TV5 Monde, ainsi que les chaînes parlementaires.
"Les dirigeants des différentes entités seront auditionnés à raison de ce qu'elles coûtent aux Français",a déclaré M. Alloncle, soulignant que France Télévisions, avec son budget de 2,5 milliards d'euros, sera au cœur des débats. Sa présidente, Delphine Ernotte, pourrait même être convoquée à deux reprises.
Une enquête motivée par une polémique médiatique
L'origine de cette commission remonte à la diffusion d'extraits volés d'une conversation impliquant le journaliste Patrick Cohen, Thomas Legrand et deux dirigeants socialistes. Éric Ciotti a choisi de consacrer son droit de tirage à cette enquête plutôt qu'au coût de l'immigration, un sujet récurrent de la droite.
Parmi les personnalités convoquées figurent également les journalistes Léa Salamé et Élise Lucet. Selon M. Alloncle, ces auditions visent à répondre à la défiance croissante des Français vis-à-vis des médias, une affirmation qui interroge sur les véritables motivations politiques de cette initiative.
Un climat politique polarisé
Alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu II tente de maintenir un équilibre face aux tensions parlementaires, cette commission d'enquête intervient dans un contexte où la droite radicalise son discours sur les médias. Certains observateurs y voient une tentative de mettre sous pression un secteur déjà fragilisé par les coupes budgétaires.
Du côté de la majorité présidentielle, on évoque une instrumentalisation politique, tandis que la gauche dénonce une menace pour la liberté de la presse. Cette affaire s'inscrit dans un débat plus large sur le rôle des médias dans la démocratie, un sujet qui pourrait prendre encore plus d'ampleur à l'approche des élections de 2027.