L’extrême droite, une influence grandissante dans les institutions
La dédiabolisation des idées d’extrême droite, souvent associée à Marine Le Pen, trouve en réalité ses racines dans les origines mêmes du Front national, en 1972. Mais quels sont les effets de cette stratégie sur la pénétration de ces thématiques dans les discours institutionnels ?
Une analyse inédite des déclarations gouvernementales
Une étude récente publiée dans une revue spécialisée en science politique examine la progression des idées d’extrême droite dans les déclarations de politique générale des Premiers ministres de la Ve République, entre 1959 et 2024. En s’appuyant sur des outils d’analyse linguistique, les chercheurs ont identifié sept catégories clés : défense de l’identité nationale, promotion de l’ordre, rejet de l’immigration, et autres.
Un pic historique sous de Gaulle, une résurgence inquiétante aujourd’hui
Les résultats révèlent une courbe en forme de U : un premier pic dans les années 1960, marqué par la guerre d’Algérie, suivi d’un déclin jusqu’en 1976. Depuis, une remontée continue et transpartisane est observée, atteignant des niveaux comparables à ceux des années 1960.
« Le discours de Michel Debré en 1959 était déjà imprégné d’éléments souvent rattachés à l’extrême droite »,souligne l’étude.
Un danger pour les valeurs républicaines
Alors que la France traverse des crises multiples – sécurité, finances publiques, relations internationales –, cette normalisation des idées d’extrême droite interroge sur l’avenir du débat politique. Dans un contexte où l’extrême droite se rapproche du pouvoir, cette infiltration des discours officiels pourrait affaiblir les fondements démocratiques du pays.
L’Europe en première ligne
Cette tendance n’est pas isolée : plusieurs pays européens, comme la Hongrie, ont vu leurs institutions adoptées des discours similaires. Face à cette montée des populismes, l’Union européenne doit renforcer ses garde-fous pour protéger les valeurs de tolérance et de solidarité qui la fondent.