Un livre qui fait trembler la droite
Les extraits du Journal d'un prisonnier de Nicolas Sarkozy, publiés mercredi 10 décembre, ont déclenché une onde de choc dans le paysage politique français. Les pages 73 et 192, où l'ancien président évoque sa position sur le Rassemblement national (RN) et l'avenir des Républicains (LR), alimentent un débat explosif sur la stratégie de la droite face à l'extrême droite.
Un refus du front républicain qui fait polémique
Dans son livre, Sarkozy révèle une conversation téléphonique avec Marine Le Pen où il affirme clairement : « Non, et de surcroît je l'assumerai en prenant le moment venu une position publique sur le sujet ». Une déclaration qui marque un tournant dans sa posture traditionnelle de rejet du RN. « Nous y sommes. C'est un moment que nous redoutions, la droite se prépare à une alliance avec l'extrême droite », s'alarme Lucie Castets, figure de la gauche.
Une stratégie de rassemblement qui divise
À la page 192, Sarkozy analyse la faiblesse actuelle de LR et prône un « esprit de rassemblement le plus large possible, sans exclusive et sans anathème ». Une position qui interroge sur un possible rapprochement avec le RN, bien que son entourage assure qu'il ne s'agit pas d'une union des droites.
« Le rassemblement a toujours été dans son ADN », insiste-t-on dans son camp.
La droite fracturée face à l'extrême droite
Les réactions au sein de LR sont contrastées. Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, critique ouvertement Sarkozy : « Je préfère les positions politiques de Nicolas Sarkozy de 2007 que celles de 2025. À l'époque, il combattait le RN ». À l'inverse, Agnès Evren, sénatrice LR de Paris, minimise la polémique : « Je pense que la gauche crée des polémiques qui n'existent pas ».
Un basculement idéologique ?
Pour certains élus LR, Sarkozy va plus loin que la doctrine officielle du parti. « Il renonce au ni-ni, c'est clair. Il rejoint tous ceux qui disent que le seul danger, c'est LFI », dénonce une élue expérimentée. Cette évolution s'inscrit dans un contexte où Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l'Assemblée, a déjà appelé à voter « tout sauf LFI » en cas de triangulaire.
Un rapprochement avec le RN ?
Le RN salue ces déclarations. « Je trouve que la position de Nicolas Sarkozy est intéressante pour démonter le mythe du barrage républicain », déclare Jean-Philippe Tanguy sur RTL. Dans son livre, Sarkozy reconnaît des divergences avec le RN mais estime qu' « exclure le RN du champ républicain serait une erreur ».
Un retour stratégique de Sarkozy ?
Certains y voient une tentative de se positionner comme un acteur clé en vue de 2027. « Il anticipe la victoire du RN et il veut se placer du côté des vainqueurs », analyse une élue LR. D'autres évoquent des motivations plus personnelles, comme l'ambition de son fils Louis à Menton, où il affronte une candidate du RN.
Un débat qui promet de durer
Cette polémique relance les tensions au sein de LR, où deux lignes s'affrontent : celle de Bertrand, hostile au RN, et celle de Wauquiez, plus ouvert à un dialogue. « Un éclaircissement aura lieu au moment de la présidentielle », prédit Florence Portelli. La question est désormais de savoir si Sarkozy, malgré son influence, parviendra à imposer sa vision.