Un tournant dans la politique du logement social
"Moins de 8% de rotation dans le logement social en 2023, c'est beaucoup trop peu."
Ces mots du ministre de la Ville et du Logement,
Vincent Jeanbrun, résument une volonté politique claire :
réformer en profondeur le système des HLM. Dans un entretien au
Journal du Dimanche, le ministre a annoncé son intention de mettre fin au principe de l'attribution "à vie" des logements sociaux, une mesure qui s'inscrit dans la continuité du "plan banlieues" présenté en juin dernier.
Un bail "trois-six-neuf" pour dynamiser le marché
Jeanbrun propose l'instauration d'un bail de durée déterminée, inspiré du modèle privé, avec des réévaluations régulières. "Je serais favorable au passage à un bail 'trois-six-neuf', avec une réévaluation régulière par les bailleurs sociaux", a-t-il déclaré. Cette mesure vise à améliorer la mobilité géographique des locataires, notamment en cas de mutation professionnelle ou d'évolution de la taille du foyer.
Une réforme contestée par les associations
Les critiques ne se sont pas fait attendre. Le mouvement HLM et les associations de défense des locataires dénoncent une "fausse bonne idée" qui, selon eux,
démontre une méconnaissance des besoins du logement social. Inaki Echaniz, député PS des Pyrénées-Atlantiques, avait déjà alerté sur les risques d'une telle réforme : "Le problème n'est pas le maintien d'un locataire dans un logement social, mais l'absence de solutions de sortie."
Le DPE et la question des passoires énergétiques
Parallèlement, le ministre envisage d'assouplir les règles du diagnostic de performance énergétique (DPE). À partir du 1er janvier 2025, les logements classés G ne pourront plus être loués. Jeanbrun propose d'offrir aux propriétaires la possibilité d'étaler leurs travaux de rénovation, afin de maintenir la location tout en engageant des travaux. Cette mesure, présentée comme un "juste partage des économies d'énergie", pourrait concerner quelque 700 000 résidences principales à partir de 2026.
Un débat politique en perspective
La réforme du logement social s'annonce comme un sujet clivant, alors que le gouvernement doit composer avec une crise des finances publiques et des tensions sociales croissantes. Alors que la gauche dénonce une "privatisation déguisée" du logement social, la droite et l'extrême droite pourraient, pour une fois, se retrouver sur des positions communes, en faveur d'une plus grande flexibilité du marché.
Dans ce contexte, la réforme du logement social pourrait bien devenir un enjeu majeur de la stratégie des partis pour 2027.