Un voyage diplomatique sous haute tension
Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa phase la plus critique, le président Emmanuel Macron entame ce mercredi 3 décembre une visite officielle en Chine. Un déplacement stratégique, mais aussi périlleux, alors que Pékin reste un soutien indéfectible de Moscou. L'économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, qualifie cette mission de "très difficile", soulignant l'influence déterminante de la Chine dans le conflit.
La Chine, pilier économique de la Russie
"La Chine a littéralement satellisé la Russie", affirme Philippe Chalmin. Une réalité économique qui se traduit par des chiffres éloquents : une grande partie des exportations de pétrole russe trouve désormais refuge en Chine, tandis que l'Inde réduit progressivement ses importations. Sans le soutien chinois, Moscou serait de facto incapable de maintenir son effort de guerre.
Des déséquilibres commerciaux structurels
Au-delà des enjeux géopolitiques, la visite de Macron s'inscrit dans un contexte de déséquilibres commerciaux croissants entre la France et la Chine. Le déficit commercial atteint désormais 47 milliards d'euros, une tendance aggravée par les mesures protectionnistes américaines. "L'Europe s'est mise très tard à réagir", regrette Chalmin, pointant du doigt la naïveté des règles du commerce international face à la stratégie chinoise.
La domination chinoise sur les métaux critiques
Un autre sujet de tension : la domination chinoise sur les métaux critiques, essentiels à la transition énergétique. "La Chine représente 70% de la capacité de production mondiale", rappelle l'économiste. Une situation alarmante pour l'Europe, qui a abandonné des secteurs stratégiques comme celui des terres rares, autrefois maîtrisé par des groupes français.
"La Chine s'est bâti des positions fortes sur un certain nombre de produits stratégiques, non seulement les métaux, mais l'intégration de chaînes pratiquement dans tous les domaines de ce qui est fondamental pour nous aujourd'hui dans la transition énergétique." - Philippe Chalmin
Un enjeu européen
Alors que la France tente de jouer les médiateurs, l'Union européenne doit faire face à un choix crucial : maintenir son dialogue avec Pékin ou adopter une posture plus ferme. Une question qui divise les capitales européennes, entre ceux qui prônent une dépendance stratégique et ceux qui exigent une autonomie souveraine.