Un président fasciné par l'ombre
Dès son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron a fait du renseignement économique une priorité absolue. Une obsession qui remonte à son passage à Bercy, où il a pris la mesure des menaces chinoises et russes sur l'économie française. Un livre-enquête révèle comment ce sujet est devenu central dans sa gouvernance.
La guerre invisible de l'économie
En 2014, alors ministre de l'Économie, Macron a mis en place des dispositifs secrets pour contrer l'influence de Huawei, le géant chinois des télécoms. Ses détracteurs y voient une paranoïa excessive, ses partisans une lucidité stratégique. Les auteurs du livre « Les espions du président » rapportent que ses collaborateurs étaient frappés par sa compétence en matière de renseignement.
Un pouvoir ultra-centralisé
Macron a profondément réorganisé les services de renseignement, imposant un système où tout lui remonte directement. Un « bulletin quotidien » lui est adressé, compilant les notes des trois principaux services. Il y répond parfois par des directives précises, allant jusqu'à demander des opérations ciblées.
Cette méthode contraste avec l'attitude de ses prédécesseurs.
« Le renseignement, au mieux ça sert à rien, au pire c'est un nid à emmerdements », avait déclaré Jacques Chirac.De Gaulle lui-même entretenait une méfiance envers ces services.
Une gouvernance personnalisée
Les auteurs soulignent que Macron apprécie particulièrement le renseignement pour sa rapidité d'action. Les décisions prises à l'Élysée se traduisent rapidement sur le terrain, avec une obéissance quasi-militaire. Un fonctionnement qui renforce son image d'un président hyperactif, mais aussi d'un dirigeant qui concentre tous les pouvoirs.
Les limites d'une approche verticale
Certains y voient les risques d'un pouvoir trop personnalisé. La gauche critique cette concentration des décisions, tandis que la droite dénonce un président qui s'entoure de trop de secrets. Dans un contexte de crise des vocations politiques, cette méthode interroge sur l'équilibre des institutions.
Un héritage controversé
Alors que la France traverse des tensions internationales croissantes, notamment avec la Russie et la Chine, le renseignement économique reste un outil clé. Mais son utilisation intensive par Macron pourrait laisser un héritage ambigu : efficacité opérationnelle ou dérive autoritaire ?