Une mesure controversée dans un contexte de crise éducative
Le gouvernement français, dirigé par Emmanuel Macron et son Premier ministre Sébastien Lecornu, envisage d'interdire strictement les téléphones portables dans les lycées dès la rentrée 2026. Cette annonce, révélée en fin d'année 2025, suscite une vive opposition parmi les syndicats de l'Éducation nationale, qui dénoncent une mesure techniquement irréalisable et symboliquement liberticide.
Des moyens humains et financiers insuffisants
Olivier Beaufrère, secrétaire national du SNPDEN-Unsa, un syndicat représentant les personnels de direction, a exprimé son scepticisme face à cette proposition.
"S'il faut mettre quelqu'un derrière chaque lycéen pour vérifier s'il sort ou pas son portable, c'est complètement impossible et ça n'a pas de sens."Selon lui, cette mesure, si elle était appliquée, nécessiterait des moyens humains supplémentaires que le gouvernement refuse d'accorder.
Le proviseur en Essonne souligne également que les lycéens, contrairement aux collégiens, peuvent sortir entre les cours.
"Si c'est pour voir dans mon lycée, sur 1 500 élèves, 800 d'entre eux sortir pour pouvoir utiliser leur téléphone portable, ce n'est pas jouable."Il estime que l'interdiction formelle est quasiment impossible à porter et qu'elle relève de l'aberration.
Une approche éducative plutôt que répressive
Pour Olivier Beaufrère, la solution ne réside pas dans une interdiction stricte, mais dans une éducation aux écrans. Il propose d'introduire des zones sans portable, comme les couloirs, les CDI ou les espaces communs, plutôt que d'imposer une prohibition totale. Cette approche, plus nuancée, serait plus conforme aux réalités du terrain et éviterait une confrontation inutile avec les élèves.
Un débat qui s'inscrit dans une crise plus large
Cette mesure s'inscrit dans un contexte de crise de la jeunesse et de régulation numérique, un enjeu majeur pour le gouvernement. Alors que les réseaux sociaux sont de plus en plus pointés du doigt pour leur impact sur la santé mentale des adolescents, le gouvernement cherche à renforcer son contrôle. Cependant, cette volonté de régulation se heurte à des réalités pratiques et à une opposition syndicale grandissante.
La mesure doit être présentée le 7 janvier 2026 aux syndicats de l'Éducation nationale, puis examinée par le Conseil d'État le lendemain. Les discussions promettent d'être tendues, alors que le gouvernement tente de concilier sécurité numérique et liberté individuelle.
Un symbole de la politique éducative du gouvernement
Cette proposition intervient dans un contexte où le gouvernement est accusé de manque de moyens et de rigidité dans sa gestion de l'Éducation nationale. Les syndicats dénoncent une politique qui ignore les réalités du terrain et qui préfère les mesures symboliques aux solutions concrètes. Pour eux, cette interdiction des téléphones portables n'est qu'un exemple parmi d'autres d'une politique éducative à bout de souffle.