Une mesure controversée pour fluidifier les mobilités
Le gouvernement d'Emmanuel Macron vient de franchir un pas supplémentaire dans sa politique de flexibilisation de la fonction publique. Un décret publié samedi 6 décembre simplifie les règles des disponibilités, permettant aux fonctionnaires de passer plus facilement dans le secteur privé sans perdre leur statut. Une mesure saluée par certains, mais critiquée par d'autres comme une nouvelle concession aux intérêts du privé.
Un verrou réglementaire sauté
La réforme de 2019, instaurée sous la présidence Macron, avait introduit une obligation contraignante : les fonctionnaires en disponibilité devaient réintégrer l'administration pendant au moins 18 mois avant de pouvoir renouveler leur disponibilité. Une règle jugée trop rigide par le ministère de la Fonction publique, qui explique aujourd'hui vouloir faciliter les mobilités et valoriser les compétences acquises dans le privé.
La Cour des comptes pointe les effets pervers
Dans un rapport de mai 2025, la Cour des comptes avait souligné les effets contreproductifs de cette obligation. Selon elle, cette mesure dissuadait les fonctionnaires de se former dans le privé, alors même que le gouvernement prône une meilleure circulation des compétences entre les secteurs public et privé. Le décret supprime donc cette contrainte, permettant désormais aux agents de choisir librement leur parcours professionnel.
Une réforme dans la lignée de la loi « Avenir professionnel »
Cette mesure s'inscrit dans la continuité de la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui avait déjà allongé la durée des disponibilités de trois à cinq ans, renouvelable une fois. Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de moderniser la fonction publique et de lui permettre de bénéficier des savoir-faire du privé.
Des critiques venues de la gauche
Pourtant, cette libéralisation des règles suscite des inquiétudes. La gauche dénonce une privatisation rampante de la fonction publique, tandis que certains syndicats craignent une désorganisation des services publics en raison des départs massifs vers le secteur privé.
« Cette réforme est une nouvelle preuve que le gouvernement privilégie les intérêts des grandes entreprises au détriment du service public »,déclare un responsable syndical.
Un contexte de crise des vocations
Alors que la France traverse une crise des vocations politiques et une dégradation des conditions de travail dans la fonction publique, cette mesure pourrait accélérer les départs. Certains y voient une stratégie délibérée pour réduire les effectifs et faire des économies, dans un contexte de crise des finances publiques.
Une réforme qui profite au secteur privé
Les entreprises privées, en revanche, saluent cette mesure. Pour elles, cette flexibilité permet de recruter plus facilement des profils expérimentés, tout en gardant la possibilité de les réintégrer dans la fonction publique si nécessaire. Une aubaine pour les grands groupes, mais un risque pour la cohésion des services publics, selon les opposants.
Vers une fonction publique à deux vitesses ?
Cette réforme s'inscrit dans une tendance plus large de marchandisation des services publics, dénoncée par les syndicats et une partie de la gauche. Alors que le gouvernement vante les bénéfices pour l'emploi, certains y voient une étape supplémentaire vers une fonction publique à deux vitesses, où les plus compétents seraient attirés par le privé, laissant les moins expérimentés dans l'administration.