Macron assouplit les règles pour les fonctionnaires : une réforme au service du privé ?

Par Aurélie Lefebvre 07/12/2025 à 18:06
Macron assouplit les règles pour les fonctionnaires : une réforme au service du privé ?

Le gouvernement Macron assouplit les règles des disponibilités pour les fonctionnaires, facilitant leur passage vers le privé. Une réforme critiquée par la gauche.

Une mesure controversée pour fluidifier les mobilités

Le gouvernement d'Emmanuel Macron vient de franchir un pas supplémentaire dans sa politique de flexibilisation de la fonction publique. Un décret publié samedi 6 décembre simplifie les règles des disponibilités, permettant aux fonctionnaires de passer plus facilement dans le secteur privé sans perdre leur statut. Une mesure saluée par certains, mais critiquée par d'autres comme une nouvelle concession aux intérêts du privé.

Un verrou réglementaire sauté

La réforme de 2019, instaurée sous la présidence Macron, avait introduit une obligation contraignante : les fonctionnaires en disponibilité devaient réintégrer l'administration pendant au moins 18 mois avant de pouvoir renouveler leur disponibilité. Une règle jugée trop rigide par le ministère de la Fonction publique, qui explique aujourd'hui vouloir faciliter les mobilités et valoriser les compétences acquises dans le privé.

La Cour des comptes pointe les effets pervers

Dans un rapport de mai 2025, la Cour des comptes avait souligné les effets contreproductifs de cette obligation. Selon elle, cette mesure dissuadait les fonctionnaires de se former dans le privé, alors même que le gouvernement prône une meilleure circulation des compétences entre les secteurs public et privé. Le décret supprime donc cette contrainte, permettant désormais aux agents de choisir librement leur parcours professionnel.

Une réforme dans la lignée de la loi « Avenir professionnel »

Cette mesure s'inscrit dans la continuité de la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui avait déjà allongé la durée des disponibilités de trois à cinq ans, renouvelable une fois. Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de moderniser la fonction publique et de lui permettre de bénéficier des savoir-faire du privé.

Des critiques venues de la gauche

Pourtant, cette libéralisation des règles suscite des inquiétudes. La gauche dénonce une privatisation rampante de la fonction publique, tandis que certains syndicats craignent une désorganisation des services publics en raison des départs massifs vers le secteur privé.

« Cette réforme est une nouvelle preuve que le gouvernement privilégie les intérêts des grandes entreprises au détriment du service public »,
déclare un responsable syndical.

Un contexte de crise des vocations

Alors que la France traverse une crise des vocations politiques et une dégradation des conditions de travail dans la fonction publique, cette mesure pourrait accélérer les départs. Certains y voient une stratégie délibérée pour réduire les effectifs et faire des économies, dans un contexte de crise des finances publiques.

Une réforme qui profite au secteur privé

Les entreprises privées, en revanche, saluent cette mesure. Pour elles, cette flexibilité permet de recruter plus facilement des profils expérimentés, tout en gardant la possibilité de les réintégrer dans la fonction publique si nécessaire. Une aubaine pour les grands groupes, mais un risque pour la cohésion des services publics, selon les opposants.

Vers une fonction publique à deux vitesses ?

Cette réforme s'inscrit dans une tendance plus large de marchandisation des services publics, dénoncée par les syndicats et une partie de la gauche. Alors que le gouvernement vante les bénéfices pour l'emploi, certains y voient une étape supplémentaire vers une fonction publique à deux vitesses, où les plus compétents seraient attirés par le privé, laissant les moins expérimentés dans l'administration.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (12)

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D

dissident-courtois

il y a 9 heures

Franchement, entre les stages non payés et les CDD, on a déjà du mal à trouver du taf. Les fonctionnaires qui partent, c'est encore plus de concurrence pour nous...

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H

HGW_304

il y a 10 heures

Ah ah, le gouvernement qui dit 'on modernise' alors qu'en vrai c'est juste un cadeau aux entreprises. Comme d'hab, les petits paieront la note.

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D

DigitalAge

il y a 10 heures

En Allemagne, les fonctionnaires ont des passerelles vers le privé bien plus souples. La France a du retard à rattraper sur la flexibilité du marché du travail.

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M

Maïwenn Caen

il y a 11 heures

Macron veut privatiser l'État ? Non, il veut juste que les fonctionnaires paient leur écot. Ironique, non ?

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P

Patrick du 67

il y a 11 heures

Macron et ses copains du privé encore une fois ! Pendant ce temps, les fonctionnaires de base galèrent. Le système est pourri jusqu'à la moelle.

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T

TrailBlazer

il y a 11 heures

Selon l'INSEE, 15% des fonctionnaires partent déjà en disponibilité chaque année. Cette réforme ne change pas grand-chose, mais elle clarifie les règles. Les chiffres, ça compte.

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T

Tangente

il y a 12 heures

Selon l'INSEE, 12% des fonctionnaires partent déjà vers le privé chaque année. Cette réforme ne change pas grand-chose aux chiffres, mais simplifie les démarches. Pas de révolution donc.

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D

dissident-courtois

il y a 12 heures

Franchement, c'est ouf cette réforme. Les jeunes fonctionnaires vont kiffer pouvoir partir en privé, mais bon... qui va remplacer ceux qui partent ?

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Y

Yvon du 39

il y a 13 heures

En Europe, plusieurs pays facilitent déjà les transitions public-privé. La France a 20 ans de retard. Mais attention à ne pas fragiliser les services publics !

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Q

Quiberon

il y a 13 heures

Une réforme qui organise la fuite des compétences publiques vers le privé. Et après on s'étonne que les services publics soient sous-financés ! La gauche doit se mobiliser contre cette casse sociale.

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F

Flo-4

il y a 12 heures

@quiberon La mobilité, c'est la liberté ! Si un fonctionnaire veut tenter sa chance dans le privé, c'est son choix. Le service public n'est pas une prison.

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N

Nolwenn de Nivernais

il y a 13 heures

Macron continue de brader le service public ! Les fonctionnaires, c'est pas des pions à envoyer dans le privé quand ça l'arrange. Le peuple, lui, il paye toujours plus d'impôts pour rien !

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N

Nuage Errant

il y a 13 heures

Enfin une réforme qui libère les talents ! Les fonctionnaires méritants doivent pouvoir évoluer dans le privé sans bureaucratie. La gauche préférerait les garder dans leur bulle, mais le mérite doit primer.

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S

Solstice

il y a 12 heures

@nuage-errant 'Libérer les talents' ? C'est surtout une porte ouverte à la fuite des cerveaux vers le privé, avec des salaires bien plus élevés. Qui va payer les services publics après ça ?

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PKD-36

il y a 11 heures

@solstice @nuage-errant Peut-être un juste milieu ? Faciliter les mobilités tout en encadrant les départs pour éviter les déserts publics. L'équilibre est possible.

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