Un échec prévisible, mais aux conséquences lourdes
La commission mixte paritaire (CMP) chargée de trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026 a échoué ce vendredi 19 décembre. Une issue anticipée par de nombreux observateurs, tant les divergences entre les deux chambres du Parlement étaient profondes. Philippe Juvin (LR), rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, a officiellement constaté l'absence d'accord, dans un communiqué lapidaire.
Un blocage politique aux racines idéologiques
Les tensions entre le Sénat, dominé par une alliance de droite et de centre, et la majorité présidentielle, soutenue par le Parti socialiste (PS), ont rendu tout compromis impossible. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a dénoncé une intransigeance de la droite sénatoriale, accusée d'avoir rejeté dès le départ toute possibilité d'accord. Une analyse partagée par l'entourage du Premier ministre, qui évoque une stratégie d'obstruction.
"La droite sénatoriale a depuis le départ écarté toute possibilité de compromis sur le budget de l'État." - Olivier Faure, PS
Le gouvernement reprend la main, mais les négociations s'annoncent tendues
Sébastien Lecornu, le Premier ministre, a immédiatement annoncé qu'il reprendrait les discussions à partir de lundi, en consultant les principaux responsables politiques. Une tâche ardue, alors que les sénateurs LR, furieux des récentes déclarations du gouvernement, semblent déterminés à maintenir leurs positions. "C'est le bal des hypocrites depuis le début", fulmine un sénateur influent, évoquant une colonie de vacances organisée par Matignon.
Une loi spéciale pour éviter le chaos financier
En parallèle, un projet de loi spéciale sera présenté au Parlement pour assurer la continuité budgétaire. Ce texte, déjà utilisé fin 2024, permettra de lever les impôts et de reconduire les dépenses publiques votées en 2025. Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a confirmé que le Conseil d'État serait saisi dans la journée. Le texte, examiné en procédure accélérée, devrait être adopté avant Noël.
2026 s'annonce comme une année de tensions budgétaires
Malgré cette loi spéciale, les discussions sur le budget 2026 reprendront dès janvier. Un nouveau durcissement des positions est à craindre, alors que certains députés pressentent déjà des concessions majeures du gouvernement envers les socialistes. La menace d'une motion de censure plane, même si Sébastien Lecornu a jusqu'ici exclu le recours au 49.3, une arme constitutionnelle souvent utilisée par l'exécutif en cas de blocage parlementaire.
Un budget sous haute tension politique
Cet échec reflète les profondes divisions qui traversent le paysage politique français, à moins d'un an des élections présidentielles. Alors que la gauche tente de se rassembler, la droite, fragmentée entre LR et le RN, semble déterminée à bloquer les projets du gouvernement. Une situation qui pourrait déstabiliser la majorité présidentielle et compliquer la préparation des prochains budgets.