Une visite ministérielle sous haute tension
Une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, se rendent à Marseille jeudi 20 novembre. Leur mission : rassurer une population ébranlée par la montée en puissance des réseaux criminels, tandis que la lutte contre le narcotrafic semble loin d’être gagnée.
Un climat de peur et d’impuissance
Dans la deuxième ville de France, l’émotion est vive après le meurtre en plein jour de Mehdi Kessaci, jeune homme aspirant à devenir policier. Son frère, Amine Kessaci, militant antidrogue sous protection policière, a lancé un appel poignant :
« Arrêtons tous ces discours, place à l’action. Protégeons celles et ceux qui se lèvent contre ce fléau. »
La justice enquête sur un possible « crime d’intimidation » visant Amine, mais les tensions restent vives. Des magistrats marseillais dénoncent un système judiciaire saturé, où les procédures s’accumulent sans jugement rapide. À la cour d’appel d’Aix-en-Provence, 500 dossiers criminels sont en attente, dont celui des assassins présumés de Brahim Kessaci, tué en 2020.
Des moyens insuffisants et des critiques politiques
Le maire de Marseille, Benoît Payan, a dénoncé la suppression de la préfecture de police locale, réclamant « encore plus de moyens » pour les forces de l’ordre et la justice. Une source gouvernementale a cependant rejeté les appels à l’état d’urgence, jugés inefficaces :
« L’état d’urgence ne démantèle pas les réseaux, il ne résout pas la crise de sécurité. »
Du côté de l’extrême droite, Franck Allisio, candidat du Rassemblement national, a plaidé pour des mesures radicales, tandis que Renaud Muselier, président Renaissance de la région PACA, prône une approche globale, « du chef de réseau au consommateur ».
Une stratégie nationale en question
Lors d’une réunion à l’Élysée, Emmanuel Macron a appelé à une lutte « aussi déterminée que contre le terrorisme ». Des détails sur cette stratégie doivent être annoncés jeudi. Mais sur le terrain, les critiques persistent. Une source judiciaire confie :
« La lutte est difficile, le climat se tend. Nous ne sommes pas en train de gagner. »
Des magistrats réclament l’anonymisation des procédures pour protéger les témoins, face à des réseaux comme la DZ Mafia, qui recrutent des adolescents via les réseaux sociaux.
Un défi européen et international
Gérald Darmanin a demandé aux Émirats arabes unis l’extradition de « quinze narcotrafiquants présumés », soulignant l’enjeu transnational du phénomène. La France, engagée dans une coopération renforcée avec l’Union européenne, pourrait s’inspirer des modèles norvégien ou canadien, où des politiques de réduction des risques ont montré des résultats.
À Marseille, l’attente est forte. La marche blanche prévue samedi pourrait cristalliser les tensions, tandis que les autorités tentent de rétablir un climat de sécurité. Mais dans les quartiers, la défiance envers les institutions reste forte, et les solutions à long terme semblent encore lointaines.
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