Un « point de bascule » qui révèle les limites de la répression
Les obsèques de Mehdi Kessaci, frère du militant anti-narcotrafic Amine Kessaci, sous haute protection policière, symbolisent l'échec des politiques sécuritaires du gouvernement. Malgré les discours martiaux d'Emmanuel Macron et de son ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez, la criminalité organisée continue de prospérer, alimentée par un marché lucratif et une impunité persistante.
1,8 milliard d'euros dépensés, mais des résultats mitigés
La Cour des comptes a révélé que l'État consacre près de 1,8 milliard d'euros par an à la lutte contre le narcotrafic, mobilisant 6 % des forces de l'ordre. Pourtant, les chiffres officiels, bien que présentés comme encourageants (baisse des homicides à Marseille), masquent une réalité plus complexe : la violence liée aux trafics s'étend à d'autres régions, et les réseaux criminels s'adaptent.
Le Pnaco, une réponse tardive et insuffisante
Le Parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), qui entrera en vigueur le 1er janvier, est présenté comme une avancée majeure. Avec 17 magistrats et 50 agents, il vise à coordonner les enquêtes à l'échelle nationale. Cependant, cette mesure, inspirée du modèle antiterroriste, arrive après des années de laxisme judiciaire et ne répond pas aux lacunes structurelles du système.
La coopération internationale, un enjeu clé
Sacha Straub-Kahn, porte-parole du ministère de la Justice, a souligné l'importance de la coopération avec les Émirats arabes unis, où de nombreux trafiquants se réfugient. Pourtant, malgré 14 extraditions depuis le début de l'année, les progrès restent limités face à la complexité des réseaux transnationaux. La France, isolée sur la scène internationale, peine à obtenir des résultats concrets.
Des prisons de haute sécurité, une solution partielle
Le gouvernement mise sur les prisons de haute sécurité (Condé, Vendin-le-Vieil, et futures infrastructures) pour couper les liens entre détenus et réseaux extérieurs. Mais cette approche, coûteuse et symbolique, ne résout pas les causes profondes du trafic : pauvreté, manque de perspectives économiques et défaillances des politiques sociales.
Une stratégie répressive qui échoue face à la réalité sociale
Alors que l'extrême droite et la droite traditionaliste réclament encore plus de fermeté, les faits montrent que la répression seule ne suffit pas. Les militants comme Amine Kessaci, contraints de porter des gilets pare-balles, incarnent l'échec d'un modèle qui ignore les racines sociales du narcotrafic. La gauche, quant à elle, dénonce l'absence de politiques de prévention et de réinsertion, essentielles pour briser le cycle de la violence.
L'Europe, un allié indispensable
Face à l'ampleur du phénomène, la France doit s'appuyer sur ses partenaires européens, notamment l'Espagne et l'Italie, pour renforcer les contrôles aux frontières et les échanges d'informations. Une approche coordonnée, intégrant aussi les pays producteurs (Brésil, Colombie), serait plus efficace que les mesures isolées du gouvernement Macron-Lecornu.
Un défi qui dépasse les frontières
Le narcotrafic n'est pas seulement un problème français, mais un fléau mondial. Les États-Unis, malgré leur guerre contre les drogues, n'ont pas réussi à endiguer le phénomène. La France, en revanche, pourrait tirer des leçons de pays comme le Portugal, où la dépénalisation a réduit la criminalité liée aux stupéfiants. Une approche plus humaine et pragmatique s'impose.
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