Mayotte : un an après Chido, l'État abandonne les bidonvilles à leur sort

Par Mathieu Robin 14/12/2025 à 11:24
Mayotte : un an après Chido, l'État abandonne les bidonvilles à leur sort

Un an après le cyclone Chido, les bidonvilles de Mayotte restent dans un état de précarité extrême, faute de politiques publiques adaptées.

Un an après le cyclone Chido, la précarité persiste à Kawéni

Dans le quartier en pente de Mahabourini, au cœur du grand bidonville de Kawéni à Mayotte, Zarianty Mifthou, 26 ans, montre les dégâts persistants de sa case en tôle. Un an après le passage du cyclone Chido en décembre 2024, la structure, reconstruite à la hâte, laisse passer l’eau à la moindre pluie. Les chevrons de bois, fendus et rafistolés, témoignent de l’urgence d’une solution durable.

Des réparations insuffisantes face à l’urgence

Rémi Noulin, architecte de l’association Actes et cités, mesure les dimensions de la structure pour évaluer les réparations nécessaires. Son diagnostic est sans appel : il faut remplacer les pièces de bois et ajuster les tôles. « J’aimerais bien mettre des briques », confie Zarianty Mifthou, consciente de la fragilité de son habitat. Mais la jeune femme ajoute, amère : « Je n’ai pas les moyens. »

L’État en retrait, la précarité s’installe

Alors que le gouvernement Lecornu II multiplie les discours sur la sécurité et la souveraineté, les bidonvilles de Mayotte restent un angle mort de la politique publique. Pourtant, ces quartiers informels abritent des milliers de familles, souvent issues de l’immigration clandestine, que l’État se refuse à reloger. Une politique de l’autruche qui contraste avec les promesses de protection sociale et de dignité humaine.

Un déni de solidarité nationale

Alors que la France se targue d’être un pays solidaire, les habitants de Mayotte subissent un double abandon : celui de l’État, qui préfère raser les bidonvilles plutôt que de les sécuriser, et celui des partis politiques, qui instrumentalise la question migratoire pour des calculs électoraux. Pourtant, des solutions existent : des programmes de relogement dignes, des aides à la reconstruction, et une politique d’intégration réelle.

Un exemple de l’échec des politiques sécuritaires

La stratégie du gouvernement, axée sur la répression plutôt que sur la prévention, se révèle une fois de plus inefficace. À Mayotte, comme ailleurs, la précarité engendre l’insécurité. Plutôt que de raser les bidonvilles, il faudrait investir dans des logements stables et des infrastructures résilientes. Une approche qui, paradoxalement, coûterait moins cher à long terme.

L’urgence d’une politique d’intégration

La France, membre de l’Union européenne, se doit d’être exemplaire en matière de droits humains. Pourtant, à Mayotte, les conditions de vie des populations les plus vulnérables rappellent celles des pays en développement. Une situation inacceptable pour un territoire français, où la solidarité nationale devrait primer sur les calculs politiques.

Un appel à l’action

Face à l’inaction des pouvoirs publics, les associations locales et les habitants de Mayotte appellent à une mobilisation nationale. Il est temps de passer des discours aux actes : sécuriser les habitations, reloger dignement les familles, et mettre en place une politique d’intégration réelle. Car la dignité n’est pas une option, c’est un droit.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (5)

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dissident-courtois

il y a 3 heures

Mdr les politiques parlent de transition écologique mais à Mayotte c'est la survie qui est en jeu. La priorité c'est le logement, pas les discours !

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Thomas65

il y a 3 heures

Franchement, entre les promesses et les actes, y'a un monde... Mais bon, on est habitués. La France, championne des belles paroles et des plans qui tombent à l'eau.

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Nolwenn de Nivernais

il y a 4 heures

Les élites parisiennes s'en foutent royalement ! Mayotte, c'est loin, c'est pas glamour, alors on laisse pourrir. Le peuple se débrouille, comme d'hab !

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Nocturne

il y a 5 heures

La situation est complexe. D'un côté, l'État doit agir, mais de l'autre, les solutions doivent être durables et pas seulement des pansements. Un équilibre est nécessaire.

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Nausicaa

il y a 6 heures

Un an après Chido, l'État continue d'abandonner les plus précaires. Où sont les politiques publiques pour Mayotte ? La France a les moyens, mais pas la volonté politique. Honte à nos dirigeants !

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Elizondo

il y a 5 heures

@nausicaa L'État ne peut pas tout faire. Les associations locales et les habitants doivent aussi prendre leurs responsabilités. L'assistanat ne résoudra pas le problème.

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