Un an après le cyclone Chido, la précarité persiste à Kawéni
Dans le quartier en pente de Mahabourini, au cœur du grand bidonville de Kawéni à Mayotte, Zarianty Mifthou, 26 ans, montre les dégâts persistants de sa case en tôle. Un an après le passage du cyclone Chido en décembre 2024, la structure, reconstruite à la hâte, laisse passer l’eau à la moindre pluie. Les chevrons de bois, fendus et rafistolés, témoignent de l’urgence d’une solution durable.
Des réparations insuffisantes face à l’urgence
Rémi Noulin, architecte de l’association Actes et cités, mesure les dimensions de la structure pour évaluer les réparations nécessaires. Son diagnostic est sans appel : il faut remplacer les pièces de bois et ajuster les tôles. « J’aimerais bien mettre des briques », confie Zarianty Mifthou, consciente de la fragilité de son habitat. Mais la jeune femme ajoute, amère : « Je n’ai pas les moyens. »
L’État en retrait, la précarité s’installe
Alors que le gouvernement Lecornu II multiplie les discours sur la sécurité et la souveraineté, les bidonvilles de Mayotte restent un angle mort de la politique publique. Pourtant, ces quartiers informels abritent des milliers de familles, souvent issues de l’immigration clandestine, que l’État se refuse à reloger. Une politique de l’autruche qui contraste avec les promesses de protection sociale et de dignité humaine.
Un déni de solidarité nationale
Alors que la France se targue d’être un pays solidaire, les habitants de Mayotte subissent un double abandon : celui de l’État, qui préfère raser les bidonvilles plutôt que de les sécuriser, et celui des partis politiques, qui instrumentalise la question migratoire pour des calculs électoraux. Pourtant, des solutions existent : des programmes de relogement dignes, des aides à la reconstruction, et une politique d’intégration réelle.
Un exemple de l’échec des politiques sécuritaires
La stratégie du gouvernement, axée sur la répression plutôt que sur la prévention, se révèle une fois de plus inefficace. À Mayotte, comme ailleurs, la précarité engendre l’insécurité. Plutôt que de raser les bidonvilles, il faudrait investir dans des logements stables et des infrastructures résilientes. Une approche qui, paradoxalement, coûterait moins cher à long terme.
L’urgence d’une politique d’intégration
La France, membre de l’Union européenne, se doit d’être exemplaire en matière de droits humains. Pourtant, à Mayotte, les conditions de vie des populations les plus vulnérables rappellent celles des pays en développement. Une situation inacceptable pour un territoire français, où la solidarité nationale devrait primer sur les calculs politiques.
Un appel à l’action
Face à l’inaction des pouvoirs publics, les associations locales et les habitants de Mayotte appellent à une mobilisation nationale. Il est temps de passer des discours aux actes : sécuriser les habitations, reloger dignement les familles, et mettre en place une politique d’intégration réelle. Car la dignité n’est pas une option, c’est un droit.