Une loi votée, mais jamais appliquée
Six mois après son adoption à l'Assemblée nationale, la loi anti-narcotrafic portée par Bruno Retailleau peine à voir le jour. Promesse phare du gouvernement Lecornu II, ce texte censé réorganiser l'État et endiguer les règlements de comptes et le blanchiment d'argent lié à la drogue reste largement lettre morte.
Seuls 5 décrets sur 37 publiés
Pourtant, la loi avait été votée à une large majorité en avril dernier. Mais comme souvent, le gouvernement a traîné des pieds pour publier les décrets d'application indispensables à sa mise en œuvre. Sur les 37 prévus, seuls cinq ont été publiés à ce jour. Parmi eux, le renforcement de l'anonymat des surveillants pénitentiaires.
D'autres mesures clés, comme celles visant à lutter contre le blanchiment d'argent ou à modifier le statut des repentis, sont toujours en attente. Pire, certains décrets prévus pour octobre ou novembre 2024 n'ont toujours pas été publiés.
Un échec symptomatique de l'inaction gouvernementale
Pour Sylvie Vermeillet, vice-présidente du Sénat, ce retard est inacceptable.
"Un texte n'existe pas totalement tant que ses décrets ne sont pas publiés. Ça ne sert à rien de voter des lois si elles n'entrent pas en vigueur."La sénatrice centriste pointe du doigt la complexité du sujet, mais aussi l'incapacité chronique de l'exécutif à concrétiser ses engagements.
Contactés par nos équipes, le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre Sébastien Lecornu n'ont pas daigné répondre. Seul Bruno Retailleau, aujourd'hui président des Républicains, a tenté de justifier ce retard :
"Ça prend toujours du temps. J'espère que ces derniers décrets pourront voir le jour."Des excuses qui ne convainquent pas, alors que la France sombre dans une crise de sécurité sans précédent.
Un problème récurrent sous Macron
La loi anti-narcotrafic n'est pas un cas isolé. En 2025, sur les 38 lois votées, une seule a vu tous ses décrets publiés. Une preuve supplémentaire de l'incapacité du gouvernement à traduire ses promesses en actions concrètes.
Alors que les réseaux criminels prospèrent, l'État français semble impuissant. Entre la guerre des droites qui paralyse le pays et la crise de la sécurité qui s'aggrave, le gouvernement Lecornu II donne l'impression d'être dépassé. Une situation qui ne fait qu'alimenter la défiance des citoyens envers les institutions.