Une avancée majeure pour les droits des enfants placés
L'Assemblée nationale a franchi un pas décisif jeudi 11 décembre en adoptant à l'unanimité une proposition de loi
visant à garantir un avocat à chaque enfant sous mesure d'assistance éducative. Ce texte, porté par la députée socialiste Ayda Hadizadeh, marque une rupture avec des décennies d'oubli institutionnel envers les enfants placés en famille d'accueil ou en foyer.
"Ces enfants grandissent avec l'idée qu'ils ne comptent pour personne et qu'ils ne peuvent compter sur personne",
a souligné la députée avant le vote. Une réalité cruelle que ce dispositif entend corriger en offrant à ces mineurs un défenseur indépendant, capable de
faire entendre leur voix et de prévenir les dérives.
Un système judiciaire enfin humanisé
L'avocat, selon la comparaison éloquente de Mme Hadizadeh, serait "la veilleuse que l'enfant allume le soir quand il a peur du noir", tandis que le juge incarne "le phare dans la nuit". Cette métaphore poétique cache une réalité politique : le système judiciaire français, souvent critiqué pour son formalisme, fait enfin une place concrète à la vulnérabilité des mineurs.
Le texte intervient dans un contexte marqué par l'émotion suscitée par la révélation d'une vidéo montrant un enfant tondu dans un foyer parisien. Une affaire qui a rappelé avec brutalité les lacunes persistantes de la protection de l'enfance.
Une réforme qui divise malgré l'unanimité parlementaire
Si le vote a été unanime, les positions politiques divergent sur le fond. La gauche y voit une avancée sociale majeure, tandis que certains à droite dénoncent une
judiciarisation excessive des relations familiales. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a pourtant apporté son soutien au texte, montrant une rare convergence entre majorité et opposition.
D'autres réformes sociales dans le viseur
Dans la foulée, l'Assemblée examinait une autre proposition visant à protéger les mineurs suspectés d'être majeurs pendant la durée de leurs recours. "Aujourd'hui en France, des enfants et des adolescents dorment seuls à la rue" le temps de ces procédures, a dénoncé le député socialiste Emmanuel Grégoire. Une situation intolérable dans un pays qui se veut protecteur de ses enfants.
L'encadrement des loyers, un autre front social
Parmi les autres textes examinés dans la niche socialiste, la proposition de loi pour pérenniser l'encadrement des loyers suscite des débats passionnés. Portée par Iñaki Echaniz, cette mesure vise à éviter la disparition du dispositif en 2026 et à renforcer son efficacité.
Les études montrent une réduction moyenne de 8,2% des loyers à Paris, selon l'Atelier parisien d'urbanisme. Une preuve tangible de l'efficacité du mécanisme, malgré les critiques des propriétaires et des professionnels de l'immobilier.
Le ministre de la Ville et du Logement, Vincent Jeanbrun, a cependant exprimé des réserves, préférant attendre les conclusions d'une étude en cours. Une position qui contraste avec l'enthousiasme des collectivités locales concernées.
Une journée parlementaire marquée par les enjeux sociaux
Cette session parlementaire a confirmé la volonté de la gauche de porter des réformes sociales ambitieuses, malgré un contexte politique national marqué par les tensions entre majorité et opposition. Dans un pays où les inégalités se creusent, ces mesures pourraient marquer un tournant dans la protection des plus vulnérables.