Nutri-score : le Sénat plie devant les lobbies agroalimentaires, la santé publique sacrifiée

Par Aurélie Lefebvre 22/11/2025 à 02:25
Nutri-score : le Sénat plie devant les lobbies agroalimentaires, la santé publique sacrifiée

Le Sénat rejette l’obligation du Nutri-score, malgré ses preuves d’efficacité. La droite et le gouvernement invoquent le droit européen, la gauche dénonce un recul sanitaire.

Un vote contesté, une santé publique en danger

Vendredi 21 novembre, le Sénat a rejeté à une large majorité (212 voix contre 117) une mesure visant à rendre obligatoire l’affichage du Nutri-score sur les emballages alimentaires. Une décision saluée par les industriels, mais vivement critiquée par les associations de consommateurs et les partis de gauche.

La droite et le gouvernement en première ligne

Portée par la majorité de gauche à l’Assemblée nationale, cette mesure avait pour ambition de généraliser ce système de notation nutritionnelle, allant de A (le plus sain) à E (le moins sain). Les entreprises refusant de l’appliquer auraient été pénalisées par une taxe de 5 % sur leur chiffre d’affaires, reversée à l’Assurance maladie.

Le sénateur Laurent Somon (Les Républicains) a justifié ce rejet en déclarant :

« L’information, oui ; la taxation, non. »
Une position soutenue par la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, qui a invoqué une « incompatibilité avec le droit européen ». Une argumentation qui laisse perplexe, alors que plusieurs pays européens, comme la Norvège ou le Canada, ont déjà adopté des systèmes similaires sans entrave juridique.

La gauche dénonce un recul sanitaire

Du côté de l’opposition, les critiques fusent. Le sénateur Bernard Jomier (groupe socialiste) a rappelé que « le Nutri-score modifie les comportements dans le bon sens, notamment pour l’alimentation des enfants ». Une étude de l’INSERM publiée en 2022 confirme d’ailleurs son efficacité, avec une réduction de 10 % des achats de produits classés D ou E.

L’association UFC-Que Choisir a exprimé sa « déception » dans un communiqué :

« Encore une fois, le Sénat a préféré défendre les intérêts industriels plutôt que la santé publique. »
Une accusation lourde, alors que le lobby agroalimentaire est souvent pointé du doigt pour son influence sur les décisions politiques.

Des mesures alternatives adoptées, mais insuffisantes

Si le Sénat a rejeté le Nutri-score, il a en revanche adopté d’autres mesures, comme une taxe sur les boissons énergisantes alcoolisées, ciblant notamment des produits populaires chez les jeunes, tels que la boisson Vody. Une avancée saluée, mais qui ne compense pas, selon les associations, l’absence de transparence nutritionnelle.

Par ailleurs, un amendement du sénateur Xavier Iacovelli (Renaissance) a instauré une taxe sur les sucres ajoutés dans les produits pour nourrissons. Une mesure timide, alors que la France reste l’un des pays européens où l’obésité infantile progresse le plus rapidement.

Un débat qui n’est pas clos

Les discussions sur le budget de la Sécurité sociale se poursuivent entre les deux chambres jusqu’au début du mois de décembre. Mais pour les défenseurs du Nutri-score, le signal envoyé est clair : la santé publique passe après les intérêts économiques.

Alors que la France se prépare pour les élections de 2027, cette décision pourrait bien devenir un enjeu politique majeur, opposant une droite pro-industrielle à une gauche soucieuse de santé publique.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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