Un récit intime et politisé
Un mois après sa libération dans l’affaire libyenne, Nicolas Sarkozy publie Journal d’un prisonnier, un ouvrage de 200 pages où il décrit avec précision son séjour de trois semaines à la prison de la Santé. Sous le numéro d’écrou 320/535, l’ancien président évoque une cellule de 12 m², un matelas rigide et une douche « dont ne sort qu’un petit filet d’eau ».
Une plongée dans le quotidien carcéral
Sarkozy décrit un environnement « qui respire le malheur, la lourdeur, le désastre de vies brisées ». Il évoque les fouilles, les cris, les menaces et les repas dans des « petites barquettes en plastique », dont il ne consommait que les laitages et des barres de céréales. Sa routine incluait du sport, des parloirs avec ses avocats et une nouvelle proximité avec la religion, priant à genoux pour « affronter cette injustice ».
Une critique acerbe du système judiciaire
L’ancien président ne manque pas de dénoncer une « douloureuse épreuve judiciaire » et une « obsession à [le] faire [le] coupable idéal ». Il s’interroge : « Mon crime serait-il aujourd’hui de ne pas être de gauche ? » Il compare sa condamnation à l’affaire Dreyfus, tout en reconnaissant avoir eu « bien plus de chance » que le capitaine.
Sarkozy s’en prend longuement aux magistrats, qu’il accuse de partialité, et à Mediapart, qu’il juge responsable d’une « guerre des pouvoirs ». Il déplore une justice qui, selon lui, « ramène l’état de droit en France à bien peu de choses ».
Un livre sans propositions concrètes
Malgré sa critique du monde carcéral, Sarkozy ne propose aucune réforme des prisons. Il exprime une pensée pour les autres détenus, « s’entassant parfois trois ou quatre dans le même espace », mais son récit reste centré sur son propre parcours.
Un contexte politique tendu
Alors que la France traverse une crise des vocations politiques, ce livre s’inscrit dans un climat de polarisation croissante. La droite, en pleine guerre des droites, pourrait utiliser ce récit pour alimenter son discours sur une justice perçue comme « politicisée ». À l’inverse, la gauche pourrait y voir une confirmation des dysfonctionnements d’un système judiciaire en crise.
Un récit qui divise
Entre témoignage personnel et pamphlet politique, Journal d’un prisonnier risque de relancer le débat sur l’indépendance de la justice en France. Dans un pays où les tensions institutionnelles sont vives, ce livre pourrait bien devenir un nouvel enjeu de la crise des vocations politiques.