Un boycott qui en dit long sur les tensions franco-chinoises
Le groupe Shein, géant chinois de la mode en ligne, a une nouvelle fois fait défaut à sa convocation devant la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale. Une absence qui prend des allures de provocation, alors que Paris multiplie les actions contre les pratiques douteuses de l'entreprise.
La France montre les dents
Sandrine Le Feur, présidente de la commission, n'a pas tardé à réagir. Elle a annoncé mardi 2 décembre qu'elle saisirait la procureure de la République. Une décision qui s'inscrit dans la stratégie de fermeté du gouvernement français face aux multinationales étrangères peu scrupuleuses.
Le groupe Shein avait pourtant tenté de gagner du temps en demandant un nouveau report, prétextant attendre la décision du tribunal judiciaire de Paris. Une audience est prévue vendredi pour statuer sur la suspension de ses activités, réclamée par l'État en raison de la vente de produits interdits.
Un symbole des dérives du fast fashion
Cette affaire dépasse largement le cadre d'une simple convocation parlementaire. Elle cristallise les tensions croissantes entre la France et la Chine, mais aussi les interrogations sur la régulation des géants du e-commerce. Shein incarne à lui seul les dérives du fast fashion : pollution, conditions de travail indignes, contrefaçon et produits dangereux.
Pourtant, malgré les pressions, le groupe chinois continue d'étendre son influence en Europe. Une situation qui interroge sur la capacité des institutions européennes à faire respecter leurs propres normes.
Un enjeu de souveraineté industrielle
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de crise de la souveraineté industrielle française. Face à la concurrence déloyale des multinationales étrangères, le gouvernement doit multiplier les actions pour protéger les entreprises locales.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a d'ailleurs réaffirmé la nécessité de renforcer les contrôles sur les importations. Une position soutenue par une large partie de la gauche, qui dénonce depuis longtemps les accords de libre-échange déséquilibrés.
La Chine dans le viseur
Cette affaire intervient alors que les relations entre la France et la Chine se tendent. Pékin est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques commerciales agressives, mais aussi pour son manque de transparence.
Le gouvernement français, en phase avec l'Union européenne, entend bien faire respecter ses valeurs. Une position qui pourrait se renforcer dans les mois à venir, alors que les élections européennes approchent.