Une maire rurale dénonce le « amateurisme » des élus locaux et appelle à une réforme radicale
Fanny Lacroix, maire de Châtel-en-Trièves, publie un essai où elle plaide pour des mandats limités et une professionnalisation des élus
À 40 ans, Fanny Lacroix, maire de Châtel-en-Trièves (Isère), tire un bilan sans concession de son mandat dans un essai intitulé Au fil du village. Son parcours, marqué par des choix audacieux, interroge sur l’avenir de la démocratie locale, alors que le gouvernement Lecornu II peine à répondre aux défis des territoires ruraux.
« Rien ne me prédestinait à être maire », confie-t-elle. Urbaniste de formation, elle a quitté Paris en 2014 pour s’installer dans le Trièves, une zone de moyenne montagne à la frontière de l’Isère et des Hautes-Alpes. Son engagement politique, né d’un « chiche ? » lancé à elle-même, l’a conduite à devenir secrétaire de mairie, puis maire de la commune fusionnée de Châtel-en-Trièves.
Un mandat marqué par la coconstruction et la rupture avec les codes traditionnels
Fanny Lacroix a imposé une culture de la coconstruction avec les habitants, rompant avec les pratiques traditionnelles des maires ruraux. Son approche, saluée par l’Association des maires ruraux de France (AMRF), où elle siège en tant que vice-présidente, a suscité des tensions avec certains élus locaux.
« Les maires ruraux sont souvent des amateurs », déclare-t-elle sans détour. Elle dénonce un système où les élus locaux, souvent bénévoles, manquent de formation et de moyens. Son essai plaide pour des mandats limités dans le temps et une professionnalisation des fonctions électives, une idée qui rejoint les critiques de la gauche sur la crise des vocations politiques.
Un engagement politique au-delà de la mairie
Membre du parti Place publique, Fanny Lacroix s’est présentée aux législatives de 2022 sous les couleurs du MoDem, un parti allié du gouvernement. Son expérience électorale l’a confrontée aux réalités du jeu politique national, marqué par la montée de l’extrême droite et les divisions à gauche.
Alors que le gouvernement Lecornu II peine à répondre aux attentes des territoires ruraux, son témoignage interroge sur la nécessité d’une réforme en profondeur des institutions locales. Dans un contexte de crise des finances publiques et de stratégie des partis pour 2027, son appel résonne comme un avertissement.
Son essai, publié aux éditions Utopia, s’inscrit dans un débat plus large sur la crise des vocations politiques, un enjeu majeur pour la démocratie française. Alors que la droite et l’extrême droite tentent de capter le vote rural, Fanny Lacroix défend une vision progressiste, inspirée par les valeurs européennes et une approche solidaire des territoires.