Une messe en hommage à Pétain provoque l'indignation
Une messe en hommage au maréchal Philippe Pétain, figure controversée de l'histoire française, s'est tenue samedi 15 novembre à Verdun, malgré les condamnations unanimes des autorités locales et des historiens. Cet événement, initialement interdit par la mairie avant d'être finalement autorisé par la justice administrative, a suscité une vive polémique, notamment après des déclarations révisionnistes tenues à sa sortie.
Des propos jugés inacceptables
Jacques Boncompain, président de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), a affirmé devant des journalistes que Pétain avait été "le premier résistant de France", une assertion immédiatement dénoncée par Jérôme Dumont, président du Conseil départemental de la Meuse et du Mémorial de Verdun. "C'est clairement du révisionnisme et je le condamne", a-t-il déclaré sur franceinfo.
"Pétain a été jugé coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il a été condamné à mort, à l'indignité nationale et surtout il est responsable de la mort de milliers de juifs, donc on ne peut pas accepter qu'une messe lui rende hommage."
Pour Jérôme Dumont, ces propos sont "contre les valeurs de la République" et doivent être fermement condamnés. Le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a d'ailleurs annoncé qu'il porterait plainte sur la base de l'article 40 du Code pénal.
L'histoire, un enjeu politique et mémoriel
Professeur d'histoire et élu local, Jérôme Dumont appelle à un renforcement des programmes d'histoire dans les écoles pour lutter contre les falsifications et les instrumentalisations du passé. "Face aux replis identitaires et aux pertes de repères, il est urgent de redonner une place centrale à l'histoire dans notre société", insiste-t-il. Pour lui, l'histoire est "un bien commun, un outil d'intelligence et de liberté" qui éclaire le présent et fonde la citoyenneté.
L'élu propose notamment la création d'une "semaine nationale dédiée à cette pratique vivante" pour renforcer la transmission des valeurs républicaines. Une initiative qui intervient dans un contexte de montée des discours révisionnistes et d'instrumentalisation de l'histoire par certains partis politiques.
Un débat qui dépasse les frontières de la Meuse
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de tensions mémorielles en France, où la question de la collaboration et de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale reste un sujet sensible. Elle intervient également alors que le gouvernement français, sous la présidence d'Emmanuel Macron, cherche à renforcer les valeurs républicaines face à la montée des extrémismes.
Pour les observateurs, cet épisode illustre les divisions persistantes autour de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la nécessité de protéger les principes républicains contre toute tentative de réhabilitation des figures compromises de l'histoire nationale.