Un observatoire inédit pour briser le silence
La Polynésie française a franchi une étape cruciale dans la lutte contre les violences faites aux femmes en inaugurant un Observatoire des violences faites aux femmes et intrafamiliales. Ce dispositif, salué par les associations féministes, révèle une réalité alarmante : près de 1 500 femmes victimes chaque année, dont 500 seulement osent porter plainte. Un chiffre qui interroge sur l'efficacité des politiques publiques en matière de protection des victimes.
Des chiffres qui font froid dans le dos
En sept ans, 18 décès liés à des violences intrafamiliales ont été recensés, dont 10 féminicides et 3 infanticides. 100 % des meurtriers étaient des hommes, selon les données officielles. La première présidente de la cour d'appel de Papeete, Gwenola Joly-Coz, a souligné que ces crimes s'inscrivaient dans une logique de domination masculine : « La strangulation est un acte sexo-spécifique visant à éteindre la parole des femmes. »
Une situation aggravée par les lacunes de l'État
Le rapport de la Cour des comptes de 2024 révèle une disproportion frappante : les condamnations pour violences conjugales sont 3,5 fois plus nombreuses en Polynésie qu'en métropole. Comment expliquer cette différence ? Les experts pointent du doigt la consommation d'alcool et de stupéfiants, mais aussi l'absence de structures d'accueil adaptées dans cet archipel dispersé. La procureure Solène Belaouar a dénoncé la difficulté à mettre à l'abri les victimes, notamment dans les logements surpeuplés.
Un engagement politique insuffisant
Face à cette crise, le président polynésien Moetai Brotherson a exprimé sa colère contre « la lâcheté des hommes violents ». Sa vice-présidente, Minarii Galenon-Taupua, a annoncé la création d'un conseil des hommes bienveillants, une initiative saluée par les associations. Pourtant, les militants féministes déplorent le manque de moyens alloués à la prévention et à l'accompagnement des victimes.
Un combat qui dépasse les frontières
Cette situation rappelle les défis auxquels sont confrontés les territoires ultramarins, souvent laissés pour compte par les politiques publiques nationales. Alors que le gouvernement Lecornu II promet des réformes, les associations exigent des mesures concrètes pour protéger les femmes, notamment dans les zones rurales et insulaires.
Vers une prise de conscience collective ?
L'Observatoire a déjà permis de constater que 31 % des auteurs de violences sont des récidivistes. Une donnée qui souligne l'urgence d'une approche globale, combinant prévention, éducation et répression.
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ce fléau sexiste »,a déclaré une militante locale, rappelant que la lutte contre les violences conjugales est un enjeu de société bien plus qu'un simple problème judiciaire.
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