Un rebondissement judiciaire qui relance le débat sur l'A69
Le chantier de l'autoroute A69, déjà très contesté entre Castres et Toulouse, vient de subir un nouveau coup dur. Le parquet de Toulouse a en effet requis jeudi 18 décembre la suspension des travaux sur plus de 40 hectares jugés illégalement occupés. Une décision qui pourrait bien compliquer la tâche du gouvernement Lecornu II, déjà sous pression sur les questions environnementales.
Des zones de chantier étendues sans autorisation
Les militants opposés à ce projet, regroupés au sein de l'association La voie est libre, dénoncent depuis des mois des emprises de chantier non autorisées. Le parquet leur a donné raison en pointant du doigt 46 zones concernées, soit 10 % de plus que ce que prévoyait la Déclaration d'utilité publique. Des zones naturelles, abritant une faune et une flore fragiles, auraient ainsi été détruites sans respect des procédures légales.
"C'était le cadeau de Noël et on voit que le pénal réagit très vite. On dénonce des choses et ils le reconnaissent. Donc c'est effectivement un point très important"
Laurent Prost, militant de La voie est libre, se félicite de cette décision, qui pourrait bien marquer un tournant dans ce dossier emblématique des conflits entre développement économique et protection de l'environnement.
Le concessionnaire Atosca sous le feu des critiques
Le concessionnaire Atosca, chargé de la réalisation des travaux, est resté silencieux depuis l'annonce de cette requête. Une attitude qui contraste avec les déclarations des élus locaux, majoritairement favorables au projet. Jean Terlier, député Renaissance du Tarn, a tenté de minimiser l'impact de cette décision, affirmant que la mise en conformité ne devrait pas entraîner l'arrêt du chantier.
"S'il y a des choses qui n'ont pas été faites correctement par le concessionnaire, il sera demandé par la justice, et c'est bien normal, de se mettre en conformité. Mais encore une fois, cette mise en conformité n'aboutira pas à un arrêt du chantier. Et c'est ça qu'il est important, je pense, aujourd'hui, de rappeler"
Un nouveau coup dur pour le gouvernement
Cette décision intervient alors que le gouvernement Lecornu II fait face à de multiples critiques sur sa gestion des dossiers environnementaux. Le projet A69, soutenu par Emmanuel Macron, pourrait bien devenir un symbole des dérives autoroutières, dans un contexte où les questions climatiques prennent une place de plus en plus centrale dans le débat public.
Les associations militantes et les élus opposés au projet attendent désormais avec impatience l'avis du tribunal administratif sur la légalité environnementale de l'ensemble du chantier. Une décision qui pourrait bien relancer le débat sur la nécessité de repenser les grands projets d'infrastructure en France, dans un contexte de crise climatique internationale.