Une victoire symbolique pour la gauche, mais un avenir incertain
L'Assemblée nationale a franchi un premier pas historique jeudi 27 novembre en adoptant une proposition de loi de La France insoumise visant à nationaliser ArcelorMittal France. Un vote salué comme une « victoire historique » par les insoumis, mais qui se heurte désormais à l'opposition farouche du Sénat, dominé par la droite et le centre.
Un texte porté par la gauche unie
La proposition de loi, portée par la députée insoumise Aurélie Trouvé, a été adoptée par 127 voix contre 41, avec le soutien des socialistes, écologistes et communistes. Le Rassemblement national s'est abstenu, tandis que le camp gouvernemental, peu mobilisé, a voté contre. Le texte vise à nationaliser une dizaine de sites, dont les aciéries de Dunkerque et Fos-sur-Mer, pour un montant estimé à 3 milliards d'euros.
Une crise industrielle qui s'aggrave
La sidérurgie française traverse une crise profonde, illustrée par le plan de suppression de plus de 600 postes chez ArcelorMittal et la chute de Novasco. Les syndicats, notamment la CGT, dénoncent un « abandon » des sites français au profit d'autres usines, moins coûteuses, en Inde ou au Brésil. Pourtant, le groupe a affiché un bénéfice net de 718 millions d'euros au premier trimestre 2025.
Le gouvernement et le Sénat en opposition
Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, a qualifié la proposition de « réponse populiste à un problème structurel », tandis que le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, a estimé qu'elle ne répondait pas aux « véritables difficultés » du secteur. Le Sénat, où la droite et le centre sont majoritaires, devrait bloquer le texte, rendant son adoption définitive peu probable.
Un débat qui dépasse les frontières
La question de la souveraineté industrielle française s'inscrit dans un contexte européen marqué par la concurrence chinoise et les droits de douane américains. Les insoumis plaident pour une relance de la décarbonation des hauts-fourneaux, alors qu'ArcelorMittal a gelé son projet à Dunkerque, jugeant l'acier européen « non compétitif ».
Réactions contrastées
« On se bat depuis deux ans pour faire avancer ce projet de nationalisation parce qu'on se rend compte que Mittal se désengage de la France. »
— Reynald Quaegebeur, délégué syndical CGT ArcelorMittal France
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a salué une « page d'histoire », tandis que Roland Lescure a dénoncé une « pseudo-alliance contre-nature » entre LFI et le RN.