Une audition sous haute tension
Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a été auditionnée mercredi 10 décembre par la Commission d'enquête parlementaire sur l'audiovisuel public. Pendant près de 4h30, elle a dû répondre aux questions des députés, dans un climat parfois tendu, notamment face aux attaques répétées de la droite et de l'extrême droite.
Neutralité de l'audiovisuel public : un débat qui divise
France Télévisions, accusée par certains de manquer de neutralité, a été au cœur des débats. Delphine Ernotte a tenu à rappeler que l'audiovisuel public, financé par tous, doit s'adresser à tous. « C'est une exigence absolue à laquelle nous veillons particulièrement », a-t-elle affirmé.
Pourtant, ces déclarations n'ont pas convaincu les députés proches d'Éric Ciotti et du Rassemblement national, à l'origine de cette commission. Anne Sicard, députée RN du Val-d'Oise, a lancé une pique cinglante :
« Qui trompe les Français ? CNews qui assume sa ligne éditoriale et se finance sur le marché ? Ou France Télévisions qui diffuse une opinion déguisée en information, financée avec l'argent des Français ? »
Delphine Ernotte a répliqué en soulignant la différence fondamentale entre les missions de France Télévisions et celles de CNews :
« Nous ne faisons pas le même métier. À France Télévisions, l'information n'est pas une opinion. À CNews, c'est 'venez avec vos convictions, vous vous ferez une opinion.' »
Erreurs médiatiques et conséquences
La présidente de France Télévisions a également dû s'expliquer sur des erreurs commises à l'antenne, notamment un débat sur franceinfo évoquant un projet de transformer Gaza en zone touristique. Cette polémique a conduit à un changement de direction au sein de la rédaction.
Finances de l'audiovisuel public : un sujet explosif
Les finances de France Télévisions ont été longuement discutées. Charles Alloncle, rapporteur de la Commission et député UDR de l'Hérault, a dénoncé une situation « insoutenable », affirmant que « France Télévisions coûte 500 millions d'euros de moins qu'il y a dix ans ». Delphine Ernotte a rétorqué que ces chiffres étaient contestables et a justifié certaines dépenses, comme les frais de restauration pendant la crise du Covid.
Un échange qui a suscité des tensions, avec des rappels à l'ordre du président de la Commission pour éviter les dérives des réseaux sociaux :
« On n'est pas dans un live tweet en direct, on n'est pas sur TikTok, X et Facebook en temps réel. »
La suite des auditions : Sibyle Veil devant la Commission
La prochaine audition concernera Sibyle Veil, présidente de Radio France, qui sera entendue la semaine prochaine. Cette série d'auditions s'inscrit dans un contexte politique tendu, où la question de la neutralité des médias publics reste un enjeu majeur.