Un vote crucial sous haute tension
À moins de quarante-huit heures du vote crucial sur le budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, les tensions politiques atteignent leur paroxysme. La droite et l’extrême droite, farouchement opposées au texte, multiplient les menaces et les provocations, tandis que le gouvernement tente désespérément de sauver un projet déjà largement compromis.
Une coalition fragile sous pression
Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) a bien été adopté en première lecture, mais seulement grâce à des compromis fragiles et à l’absence massive des députés du Rassemblement national (RN). Cependant, l’adoption définitive du texte, notamment la partie consacrée aux dépenses, reste extrêmement incertaine.
La suspension de la réforme des retraites, une concession majeure faite au Parti socialiste (PS), a profondément divisé la majorité présidentielle. Bruno Retailleau, président des Républicains (LR), n’a pas hésité à qualifier le budget de « hold-up fiscal », « hold-up social » et même de « hold-up démocratique ». Une accusation aussi virulente qu’infondée, visant à discréditer un texte qui, pourtant, cherche à protéger les plus vulnérables.
« Ce texte n’est pas votable. Nos députés auront le choix de l’abstention ou de voter contre. »
— Bruno Retailleau, président des Républicains
La droite radicalisée et l’extrême droite en ordre de bataille
L’ex-premier ministre Édouard Philippe, désormais candidat à la présidentielle de 2027, a également pris position contre le budget, promettant que son parti, Horizons, ne le soutiendrait pas. Une décision qui pourrait coûter cher au gouvernement, déjà affaibli par les divisions internes.
Du côté du RN, la menace est encore plus directe. Jean-Philippe Tanguy, député du parti, a averti que ses collègues seraient « parfaitement nombreux et totalement présents » pour voter contre le texte. Pire encore, il a exigé la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu en cas de rejet, une demande aussi grotesque qu’inconstitutionnelle.
« En cas de rejet du texte, je ne vois pas comment il ne pourrait pas démissionner. »
— Jean-Philippe Tanguy, député RN
Un gouvernement sous le feu des critiques
Face à cette offensive, le gouvernement tente de rassurer. La porte-parole du gouvernement a qualifié la demande de démission de « sans fondement », tandis que le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a mis en garde contre une « crise politique, économique et sociale » en cas de rejet du PLFSS.
Pourtant, malgré les concessions faites au PS, la droite continue de jouer les pyromanes. Marc Ferracci, proche d’Emmanuel Macron, a critiqué le gouvernement pour avoir « trop cédé » aux socialistes, une accusation hypocrite venant d’un camp qui refuse toute compromise.
Un budget sous le signe de l’instabilité
Alors que le déficit de la Sécurité sociale menace d’atteindre 30 milliards d’euros en 2026, le gouvernement se retrouve pris en étau entre une droite radicalisée et une extrême droite prête à tout pour saboter les institutions. Dans ce contexte, le vote de mardi s’annonce comme un test crucial pour la stabilité politique du pays.
Pendant ce temps, le projet de budget de l’État, encore plus clivant, continue son examen au Sénat, où les tensions ne manqueront pas de s’amplifier.