Un budget sous tension
Le gouvernement de Sébastien Lecornu se retrouve pris en étau entre une droite déterminée à imposer le recours au 49.3 et une majorité parlementaire fragile. Alors que le Sénat, dominé par Les Républicains, durcit sa position, le Premier ministre maintient sa ligne : pas de passage en force.
Gérard Larcher relance le débat sur le 49.3
Dans un entretien au Figaro, le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé le Premier ministre à « envisager » l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2026. « Une arme constitutionnelle n'est pas une arme contre la démocratie parlementaire, car la démocratie parlementaire s'est exprimée », a-t-il affirmé, défendant l'outil comme une solution pragmatique face à l'impasse budgétaire.
Larcher a critiqué la méthode du gouvernement, regrettant que Lecornu n'ait pas consulté le Sénat avant d'abandonner le 49.3 et la réforme des retraites. « Ce ne sont pas les socialistes qui font à eux seuls le budget de la France », a-t-il souligné, rappelant le rôle central du Sénat dans l'élaboration des lois.
La droite unie derrière le 49.3
Bruno Retailleau, président des Républicains, a lui aussi plaidé pour l'utilisation du 49.3, estimant que les socialistes ne voteraient jamais une motion de censure. « Pourquoi n'utilise-t-il pas ce que la Constitution lui permet de faire pour avoir un budget conforme aux intérêts de la nation ? », a-t-il interrogé sur Sud Radio.
Edouard Philippe, patron d'Horizons, et Hervé Marseille, chef de file des sénateurs centristes, ont également soutenu cette option. « La meilleure solution reste le 49.3, car personne ne veut assumer ce budget », a déclaré Philippe, tandis que Marseille y voyait « un soulagement pour tout le monde ».
Le gouvernement campé sur ses positions
Sébastien Lecornu reste ferme sur son refus d'utiliser le 49.3, fidèle à sa promesse initiale faite aux socialistes. « Il n'y aura pas d'utilisation du 49.3 de la Constitution et d'engagement de la responsabilité du gouvernement », a-t-il martelé devant les députés.
La porte-parole du gouvernement a renchéri, qualifiant cette suggestion de « facile ». « Pourquoi est-ce que nous aurions peur du débat parlementaire ? Bruno Retailleau a des députés, il faut laisser le débat se tenir », a-t-elle lancé sur BFM-TV.
Un budget de la Sécurité sociale en péril
Le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, déjà en difficulté, pourrait être rejeté mardi 9 décembre. Un échec constituerait un revers majeur pour Lecornu, alors que le gouvernement met en garde contre un déficit pouvant atteindre 30 milliards d'euros en l'absence de texte.
« Il n'y a pas de plan B, pas de loi spéciale pour la Sécurité sociale », a averti le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, devant les députés. Le gouvernement insiste pour aller « au bout » de la procédure, laissant les députés trancher.
Un consensus impossible ?
Les divisions au sein de la coalition gouvernementale et à gauche compliquent encore la tâche. Les compromis sont rares, et les tensions entre majorité et opposition s'intensifient. Gérard Larcher a dénoncé « l'hystérie fiscale de l'Assemblée », affirmant que le Sénat avait tenté de « retrouver la raison » en préservant une certaine équité.
Alors que le Sénat retravaille la copie du gouvernement, le risque d'un blocage persiste. La droite, unie derrière le 49.3, semble prête à forcer le passage, tandis que le gouvernement, soucieux de ne pas briser le dialogue parlementaire, joue la carte du compromis.