Un vote serré qui révèle les fractures politiques
L’Assemblée nationale a adopté, vendredi 5 décembre, la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, dans un scrutin tendu qui a mis en lumière les divisions profondes du camp présidentiel. Avec 166 voix pour, 140 contre et 32 abstentions, le texte a été sauvé in extremis grâce au soutien du Parti socialiste (PS) et des macronistes, tandis que la droite et l’extrême droite ont fait front commun contre le gouvernement.
Une alliance improbable pour sauver le budget
Renaissance, le MoDem, le PS et les indépendants du groupe LIOT ont porté le texte, permettant ainsi la poursuite des débats avant le vote crucial de mardi sur l’ensemble du projet. En face, le Rassemblement national (RN), l’Union des droites pour la République (UDR) et La France insoumise (LFI) ont voté contre, tandis que Les Républicains (LR) et Horizons, pourtant membres de la majorité, ont majoritairement choisi de s’abstenir.
Une abstention révélatrice des tensions internes
La faible participation (239 députés absents) a ajouté une dimension dramatique au vote. Parmi les absents figuraient des figures politiques majeures comme Marine Le Pen (RN), Manuel Bompard (LFI), François Hollande (PS) et Michel Barnier (LR). Cette abstention massive de la droite, notamment de LR et Horizons, témoigne d’un rejet croissant des concessions faites à la gauche, notamment sur la hausse de la CSG sur le capital.
Le gouvernement joue la carte de l’apaisement
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a salué un « travail de concertation » avec les forces politiques, tout en rappelant que le rejet des recettes aurait bloqué l’examen de la suspension de la réforme des retraites. Le gouvernement a dû faire des compromis, notamment en réduisant le rendement de la hausse de CSG à 1,5 milliard d’euros au lieu des 2,8 milliards initialement prévus, pour rassurer le PS.
La droite radicalisée contre un « déficit artificiel »
Les Républicains et Horizons ont fustigé un « déficit de la Sécurité sociale artificiellement réduit », dénonçant le transfert de fonds de l’État vers les caisses de la Sécu comme un artifice comptable. Jean-Philippe Tanguy (RN) a quant à lui qualifié le projet de « facturation des sauvetages de sièges », une critique acerbe qui résume le rejet de l’extrême droite envers toute hausse d’impôts.
Un budget sous haute tension jusqu’au vote final
Le gouvernement espère ramener le déficit de la Sécu à 20 milliards d’euros, mais les débats sur les dépenses, notamment le gel des pensions et des minima sociaux, s’annoncent explosifs. Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a tenté de rassurer en affirmant qu’aucune hausse des franchises médicales n’était prévue, mais les tensions restent vives.
Un avertissement pour Macron et Lecornu
Ce vote serré est un avertissement pour le gouvernement, qui pourrait être contraint d’utiliser l’article 49.3 pour faire passer le budget. La gauche, malgré son soutien, exige désormais des contreparties sur les dépenses, tandis que la droite durcit son opposition. Dans ce contexte, le gouvernement devra naviguer entre concessions et fermeté pour éviter un rejet catastrophique mardi.