Un retour sous haute tension
Trois mois après la levée de son contrôle judiciaire, Christian Tein, président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a foulé à nouveau le sol de la Nouvelle-Calédonie, jeudi 4 décembre. Son arrivée à l’aéroport de Nouméa - La Tontouta, en fin d’après-midi, a été discrète, mais son retour marque un tournant dans la crise politique qui secoue l’archipel.
Une sécurité compromise
Dès son atterrissage, des craintes ont été exprimées quant à sa sécurité. Henri Juni, membre du bureau politique du FLNKS, a dénoncé les messages « racistes et haineux » circulant sur les réseaux sociaux, certains appelant même à la violence.
« Nous craignons pour sa sécurité »,a-t-il déclaré, soulignant la polarisation extrême de la société calédonienne.
Un symbole politique controversé
Christian Tein, désigné président du FLNKS alors qu’il était incarcéré en métropole, incarne les divisions profondes de l’archipel. Pour ses partisans, il est un prisonnier politique ; pour ses détracteurs, un meneur de violences. Une pétition exigeant son exclusion de Nouvelle-Calédonie a recueilli plus de 13 000 signatures, révélant l’ampleur de l’opposition à son retour.
Un contexte explosif
L’arrivée de Tein intervient dans un contexte de tensions persistantes, un an et demi après les émeutes de mai 2024, déclenchées par une réforme électorale controversée. 14 morts et plus de 2 milliards d’euros de dégâts ont marqué cette crise, toujours non résolue. Le gouvernement français, sous la présidence d’Emmanuel Macron et la direction de Sébastien Lecornu, est sous pression pour apaiser les tensions, mais les fractures restent profondes.
Un retour politique imminent
Christian Tein fera son retour sur la scène politique ce samedi, lors d’un congrès extraordinaire du FLNKS. Son discours pourrait raviver les débats sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, alors que les indépendantistes et les loyalistes s’affrontent sur le modèle politique à adopter.
Une justice toujours en suspens
Mis en examen pour vols en bande organisée avec arme, destructions et association de malfaiteurs, Tein reste sous le coup de poursuites judiciaires. Son transfert en métropole en juin 2024, avec six autres militants, avait suscité des critiques sur le traitement des indépendantistes par l’État français.
Un frère inquiet
Désiré Tein, présent à l’aéroport, a exprimé son soulagement mais aussi son inquiétude :
« Je suis heureux pour mon frère, qui a passé un an en prison à 17 000 kilomètres de chez lui. »Il a demandé une protection officielle, sans obtenir de réponse du haut-commissariat.
Un archipel fracturé
La Nouvelle-Calédonie reste un territoire fragile, où les questions d’identité et de souveraineté continuent de dominer le débat. Le retour de Christian Tein pourrait soit apaiser les tensions, soit les exacerber, dans un contexte où les relations entre Paris et les indépendantistes sont déjà tendues.