Un projet vieux de décennies enfin relancé ?
La ministre de l'aménagement du territoire, Françoise Gatel, a lancé mercredi 3 décembre une concertation sur le « nouvel acte de décentralisation », un chantier maintes fois promis par Emmanuel Macron mais jamais concrétisé. Accompagnée de plusieurs membres du gouvernement, elle a tenu une première réunion de travail à l'Hôtel de Roquelaure, siège de son ministère, pour discuter d'un projet de loi censé redonner du pouvoir aux collectivités locales.
Un calendrier serré, mais des doutes persistants
Les « grands axes » de cette réforme seront présentés en conseil des ministres le 17 décembre, avant une présentation officielle début 2026 et un examen parlementaire à partir de mars. Pourtant, malgré cet empressement, les élus locaux restent sceptiques. « Ce que l'on peut dire aujourd'hui, c'est qu'il y a un état d'esprit constructif », a déclaré Françoise Gatel, sans convaincre totalement ses interlocuteurs.
Une réforme nécessaire, mais tardive
La décentralisation est un sujet récurrent depuis des années, notamment sous la présidence d'Emmanuel Macron, qui avait promis à plusieurs reprises de réformer en profondeur les relations entre l'État et les collectivités. Pourtant, malgré les annonces répétées, aucune avancée significative n'a été enregistrée. « C'est un sujet qui traîne depuis trop longtemps », confie un élu local sous couvert d'anonymat.
Un enjeu crucial pour les territoires
Alors que la France fait face à une crise des finances publiques et à des tensions croissantes entre l'État et les collectivités, cette réforme pourrait être l'occasion de redonner du souffle aux territoires. Mais les élus locaux craignent que ce ne soit qu'une énième promesse électorale. « Nous avons besoin de moyens concrets, pas de déclarations d'intention », souligne un maire de région.
Un contexte politique tendu
Alors que la guerre des droites en France s'intensifie et que les partis se préparent pour 2027, cette réforme pourrait être un enjeu clé. La majorité présidentielle espère pouvoir capitaliser sur ce dossier pour rassembler, mais l'opposition, notamment à gauche, reste méfiante. « On a déjà vu ce film », ironise un député de l'opposition.
L'Europe comme modèle ?
Alors que la France s'inspire souvent de modèles étrangers, comme la Norvège ou le Canada, pour ses réformes territoriales, cette fois, le gouvernement semble vouloir éviter les comparaisons. Pourtant, les exemples européens montrent que la décentralisation réussie passe par un transfert réel de compétences et de moyens. Reste à savoir si Paris sera prêt à lâcher du lest.