Déficience chronique : la Sécu en péril malgré un léger répit

Par Mathieu Robin 08/12/2025 à 18:14
Déficience chronique : la Sécu en péril malgré un léger répit

Le déficit de la Sécu atteint 20 milliards d'euros, malgré les ajustements du gouvernement. Les blocages politiques menacent la pérennité du système.

Un déficit toujours alarmant malgré les ajustements

Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 est en cours d'examen au Parlement, les perspectives restent sombres. Le ministre de l'économie, Roland Lescure, a révélé dimanche 7 décembre sur LCI que le déficit devrait atteindre « autour de 20 milliards d'euros », soit bien au-delà des prévisions initiales du gouvernement (−17,5 milliards).

Ce dérapage financier s'explique en grande partie par l'incapacité du pouvoir en place à faire adopter des mesures d'économie cruciales, faute d'une majorité solide à l'Assemblée nationale. Parmi les dispositions rejetées, l'« année blanche » – un gel des prestations sociales qui aurait permis d'économiser 2,5 milliards d'euros – a été écartée par une coalition hétéroclite allant de l'extrême droite à la gauche.

Un système à bout de souffle

Le déficit de la Sécu, déjà estimé à environ 23 milliards d'euros en 2025, illustre les limites d'une gestion politique fragmentée. Les partis d'opposition, souvent plus soucieux de leurs intérêts électoraux que de la pérennité du système, ont bloqué des réformes structurelles indispensables. Pourtant, dans un contexte de tensions internationales et de crise des finances publiques, la solidarité nationale ne peut se permettre de tels écarts.

Le vote solennel prévu mardi sur le PLFSS s'annonce particulièrement incertain, reflétant les divisions profondes qui paralysent la gouvernance française. Alors que l'Union européenne observe avec inquiétude, le gouvernement Lecornu II doit désormais composer avec une opposition déterminée à saboter toute mesure d'austérité.

Les enjeux d'une réforme avortée

L'échec de l'« année blanche » symbolise le refus des forces politiques de prendre des décisions impopulaires mais nécessaires.

« Nous ne pouvons pas sacrifier les plus vulnérables pour sauver un système qui a besoin d'une refonte globale »
, a déclaré un député de gauche, résumant l'attitude de ceux qui privilégient le court terme aux dépens de l'avenir.

Pourtant, face à l'urgence, des voix s'élèvent pour rappeler que la Sécu, pilier de la protection sociale française, ne peut survivre sans réformes courageuses. Dans un monde où les modèles nordiques et européens prouviennent leur efficacité, la France semble condamnée à répéter les mêmes erreurs.

Alors que la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques pèsent sur les finances publiques, le gouvernement doit désormais trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et justice sociale. Une tâche d'autant plus ardue que les élections de 2027 approchent, poussant les partis à adopter des postures radicales plutôt que des solutions pragmatiques.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (4)

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Nausicaa

il y a 27 minutes

La Sécu, c'est l'un des piliers de notre modèle social. Si on la laisse couler, c'est toute la solidarité nationale qui s'effondre. Il faut taxer les ultra-riches et les multinationales !

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Fragment

il y a 1 heure

Selon la Cour des comptes, le déficit s'explique par la hausse des dépenses de santé et le vieillissement. Les ajustements actuels sont insuffisants pour équilibrer le système à moyen terme.

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S

Solstice

il y a 2 heures

20 milliards de déficit, et on parle encore de baisses d'impôts pour les riches ?!! C'est une honte. La Sécu doit être financée par une fiscalité plus juste sur le capital.

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S

StoneAge24

il y a 1 heure

@solstice Exactement ! Pendant que les politiques se goinfrent, nous on se serre la ceinture. La Sécu, c'est le peuple qui la finance, pas les actionnaires !

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Malo du 40

il y a 2 heures

Le déficit de la Sécu est un problème structurel. Ni la droite ni la gauche n'ont trouvé de solution pérenne. Il faut un débat sérieux sur les recettes et les dépenses, sans dogmatisme.

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