Un exercice de dialogue social en pleine crise budgétaire
Alors que la France traverse une crise des finances publiques sans précédent, le gouvernement a lancé vendredi 5 décembre une conférence sur le travail, l’emploi et les retraites au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Une initiative a priori apolitique, mais qui intervient en pleine guerre des droites et à quelques heures de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale.
Un forum sans garantie de résultats
Portée par le premier ministre Sébastien Lecornu, cette conférence, présentée comme un exercice libre, vise officiellement à apaiser les tensions autour des régimes de pension. Pourtant, dans un contexte où la démocratie parlementaire vit des heures turbulentes, cette initiative pourrait bien servir de diversion face aux critiques grandissantes.
« Il s’agit de concourir à des débats de qualité », a déclaré Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, en soulignant l’absence d’obligation de résultats. Un discours qui contraste avec les attentes des syndicats et des employeurs, alors que le pays fait face à une crise de la souveraineté industrielle française et à un chômage structurel.
Des garanties contestées
La réflexion sera pilotée par trois « garants » aux profils variés : Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du travail, Anne-Marie Couderc, ex-présidente d’Air France, et Pierre Ferracci, fondateur du groupe Alpha. Un choix qui, malgré son éclectisme, ne convainc pas les oppositions, notamment la gauche, qui y voit une manœuvre politique pour éviter une réforme ambitieuse.
La conférence, qui se tiendra jusqu’à l’été 2026, s’inscrit dans un paysage politique fracturé, où les partis se préparent déjà pour les élections de 2027. Une période où les questions sociales pourraient bien devenir un enjeu majeur, face à la montée des extrêmes.
Un débat qui dépasse les frontières
Alors que la France tente de surmonter ses divisions internes, les défis économiques et sociaux s’inscrivent dans un contexte international tendu. Entre les tensions avec la Russie et la Chine, et les crises diplomatiques répétées, le gouvernement doit naviguer entre réformes intérieures et alliances européennes.
Dans ce contexte, la conférence sur le travail pourrait-elle devenir un modèle pour d’autres pays européens ? Une question qui reste ouverte, alors que l’Union européenne elle-même traverse une période de remise en question.