Un enjeu crucial avant l'hiver
Alors que l'hiver approche, le gouvernement de Sébastien Lecornu II place la question énergétique au cœur de ses priorités. Face à l'inflation persistante et aux tensions géopolitiques, notamment avec la Russie, la baisse du prix de l'électricité devient un impératif pour les ménages et les entreprises. Le Premier ministre a ainsi chargé Roland Lescure, ministre de l'Économie et de l'Énergie, de travailler sur des scénarios de réduction des factures.
La fiscalité au cœur des débats
Parmi les pistes envisagées, la fiscalité occupe une place centrale. Le gouvernement étudie notamment la baisse des accises, ces taxes indirectes qui représentent environ 15 % d'une facture d'électricité. Une mesure défendue par Jean-François Husson, rapporteur général du budget au Sénat, qui propose de compenser cette baisse par une hausse des taxes sur le gaz naturel.
Cependant, cette solution suscite des critiques. Clarisse Berger, de l'UFC Que Choisir, alerte sur les risques pour les ménages modestes, notamment ceux chauffés au gaz dans le parc social. « Comme de nombreux locataires n'ont aucun moyen de basculer vers de l'électrique, ils vont donc être pénalisés. »
La TVA, une fausse bonne idée ?
Le gouvernement a d'ores et déjà écarté la piste d'une baisse de la TVA sur l'électricité, pourtant soutenue par le Rassemblement national. Roland Lescure a qualifié cette proposition de « coûteuse et inefficace », soulignant que la TVA ne concernait pas les entreprises et qu'elle était moins modulable que les accises.
Cette position s'inscrit dans une logique de rigueur budgétaire, alors que la France fait face à une crise des finances publiques. « Comment on finance ? Devant chaque plus, je veux un moins », a martelé le ministre, évoquant la possibilité de renoncer à la baisse des impôts de production sur les PME pour financer cette mesure.
Un contexte énergétique tendu
Cette annonce intervient alors que le dispositif de l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) prendra fin le 1er janvier 2026. Jusqu'à présent, ce mécanisme permettait aux fournisseurs d'électricité d'acheter une partie de la production nucléaire d'EDF à un prix avantageux. Sa disparition pourrait entraîner une hausse des tarifs, bien que les prix de marché aient récemment chuté.
Nicolas Goldberg, expert chez Colombus Consulting, estime que « une baisse de taxe viendrait accentuer cette baisse et envoyer un signal positif vis-à-vis de l'électrification ». Une perspective encourageante, alors que la France s'engage dans une transition énergétique ambitieuse, en phase avec les objectifs de l'Union européenne.
Une mesure symbolique mais nécessaire
Si la baisse des accises ne représente qu'une économie modeste pour les ménages – entre 11 et 45 euros par an –, elle s'inscrit dans une stratégie plus large de soutien au pouvoir d'achat. Le gouvernement Lecornu II tente ainsi de concilier rigueur budgétaire et justice sociale, dans un contexte marqué par les tensions avec la Russie et les défis de la souveraineté énergétique.
Reste à savoir si cette mesure suffira à apaiser les inquiétudes des Français, alors que la crise du coût de la vie persiste et que les élections approchent.