Groupes de besoin : un abandon en catimini qui révèle les failles du « choc des savoirs »

Par Aurélie Lefebvre 05/12/2025 à 18:30
Groupes de besoin : un abandon en catimini qui révèle les failles du « choc des savoirs »

Les groupes de besoin en collège, lancés en 2024, pourraient devenir facultatifs. Une décision qui révèle les failles du « choc des savoirs » et les tensions persistantes dans l'Éducation nationale.

Un dispositif controversé en passe d'être enterré

Instaurés en 2024 sous l'impulsion de Gabriel Attal, les groupes de besoin en 6e et 5e étaient censés relever le niveau scolaire en mathématiques et français. Pourtant, dès leur mise en place, ils ont suscité une opposition farouche de la part des syndicats d'enseignants et des chefs d'établissement. Aujourd'hui, le ministre de l'Éducation nationale, Edouard Geffray, envisage de les rendre facultatifs dès la rentrée 2026, un revirement qui s'inscrit dans la longue liste des mesures abandonnées du « choc des savoirs ».

Des effets mitigés et des contraintes logistiques

Si certains établissements ont effectivement constaté des progrès dans les matières concernées, grâce à des classes moins chargées, les conséquences négatives ont rapidement pris le dessus. La suppression d'autres demi-groupes en sciences ou en langues, ainsi que les difficultés d'organisation des emplois du temps, ont fini par l'emporter. Selon le Snes, un syndicat enseignant, un collège sur cinq n'a jamais appliqué la mesure, et beaucoup l'ont adaptée de manière partielle.

Un échec symptomatique des réformes éducatives

Cette décision s'inscrit dans un contexte de recul généralisé des réformes lancées par Gabriel Attal. La généralisation des groupes de besoin aux 4e et 3e a déjà été annulée, tout comme d'autres mesures phares comme la labellisation des manuels scolaires ou l'obligation du brevet pour accéder au lycée.

« C'est un nouveau détricotage du « choc des savoirs », un paquet de mesures annoncé en grande pompe mais qui se révèle incapable de résister aux réalités du terrain »,
souligne un observateur du monde éducatif.

La gauche salue une décision attendue

Du côté des syndicats, on se félicite de ce qui ressemble à un abandon en rase campagne. « Enfin, le ministère reconnaît l'échec de cette réforme mal pensée, qui a surtout servi à désorganiser les établissements plutôt qu'à améliorer les apprentissages », déclare un représentant du Snes. La gauche, quant à elle, y voit une preuve supplémentaire de l'incapacité du gouvernement à mener une politique éducative cohérente, dans un contexte où les inégalités scolaires ne cessent de se creuser.

Et après ? Une réforme à rebâtir

Edouard Geffray attend désormais le rapport définitif de l'Inspection générale de l'éducation pour trancher. Mais déjà, les critiques fusent : « Pourquoi avoir imposé cette mesure sans évaluation préalable ? », interroge un professeur. La question de savoir comment compenser les moyens humains perdus avec la suppression des groupes de besoin reste entière. Une chose est sûre : cette affaire illustre les dérives d'un gouvernement qui, sous couvert de modernité, accumule les reculades face aux réalités du terrain.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (3)

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Nocturne

il y a 1 jour

La décision est compréhensible mais la communication est désastreuse. Pourquoi ne pas avoir consulté les profs avant ?

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B

BookWorm

il y a 1 jour

Typique de ce gouvernement qui abandonne les élèves en difficulté dès qu'il y a un peu de pression. Le 'choc des savoirs' c'est du vent !

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G

ghi

il y a 1 jour

@bookworm Le problème c'est que ces groupes créent des inégalités entre les élèves. Le mérite doit primer, pas les aides systématiques.

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V

veronique-de-saint-etienne

il y a 1 jour

Encore une décision prise à Paris sans consulter les territoires ! Les groupes de besoin fonctionnaient bien dans nos collèges du Sud-Ouest. Le centralisme tue l'éducation locale...

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