Un dispositif controversé en passe d'être enterré
Instaurés en 2024 sous l'impulsion de Gabriel Attal, les groupes de besoin en 6e et 5e étaient censés relever le niveau scolaire en mathématiques et français. Pourtant, dès leur mise en place, ils ont suscité une opposition farouche de la part des syndicats d'enseignants et des chefs d'établissement. Aujourd'hui, le ministre de l'Éducation nationale, Edouard Geffray, envisage de les rendre facultatifs dès la rentrée 2026, un revirement qui s'inscrit dans la longue liste des mesures abandonnées du « choc des savoirs ».
Des effets mitigés et des contraintes logistiques
Si certains établissements ont effectivement constaté des progrès dans les matières concernées, grâce à des classes moins chargées, les conséquences négatives ont rapidement pris le dessus. La suppression d'autres demi-groupes en sciences ou en langues, ainsi que les difficultés d'organisation des emplois du temps, ont fini par l'emporter. Selon le Snes, un syndicat enseignant, un collège sur cinq n'a jamais appliqué la mesure, et beaucoup l'ont adaptée de manière partielle.
Un échec symptomatique des réformes éducatives
Cette décision s'inscrit dans un contexte de recul généralisé des réformes lancées par Gabriel Attal. La généralisation des groupes de besoin aux 4e et 3e a déjà été annulée, tout comme d'autres mesures phares comme la labellisation des manuels scolaires ou l'obligation du brevet pour accéder au lycée.
« C'est un nouveau détricotage du « choc des savoirs », un paquet de mesures annoncé en grande pompe mais qui se révèle incapable de résister aux réalités du terrain »,souligne un observateur du monde éducatif.
La gauche salue une décision attendue
Du côté des syndicats, on se félicite de ce qui ressemble à un abandon en rase campagne. « Enfin, le ministère reconnaît l'échec de cette réforme mal pensée, qui a surtout servi à désorganiser les établissements plutôt qu'à améliorer les apprentissages », déclare un représentant du Snes. La gauche, quant à elle, y voit une preuve supplémentaire de l'incapacité du gouvernement à mener une politique éducative cohérente, dans un contexte où les inégalités scolaires ne cessent de se creuser.
Et après ? Une réforme à rebâtir
Edouard Geffray attend désormais le rapport définitif de l'Inspection générale de l'éducation pour trancher. Mais déjà, les critiques fusent : « Pourquoi avoir imposé cette mesure sans évaluation préalable ? », interroge un professeur. La question de savoir comment compenser les moyens humains perdus avec la suppression des groupes de besoin reste entière. Une chose est sûre : cette affaire illustre les dérives d'un gouvernement qui, sous couvert de modernité, accumule les reculades face aux réalités du terrain.