Une coalition inédite contre les directives européennes
En Guadeloupe, la grogne monte contre les nouvelles orientations de l'Union européenne. Lors d'une réunion avec les acteurs économiques locaux, Rody Tolassy, eurodéputé du Rassemblement national, a dénoncé avec virulence la rigidité des règles européennes. « La simplification doit être pensée pour nous ! », a-t-il lancé, rejoignant ainsi Ary Chalus, président de région macroniste, dans une critique rare et frontale.
Un front commun des régions ultrapériphériques
Les deux hommes ont pointé du doigt deux enjeux majeurs : l'adaptation des normes européennes aux spécificités locales et le nouveau cadre financier pluriannuel (2028-2034). Ce dernier, perçu comme une menace pour l'autonomie régionale, prévoit de transférer aux États les fonds gérés jusqu'ici par les régions, notamment dans les secteurs agricole, halieutique et industriel.
Pour Ary Chalus, qui préside également la Conférence des régions ultrapériphériques (RUP), cette réforme est une régression démocratique. «
Ce projet exclut une stratégie différenciée pourtant inscrite dans les traités européens.», a-t-il souligné, rappelant que les RUP – qui incluent les DOM-TOM français, les Canaries espagnoles et les Açores portugaises – avaient signé fin novembre une déclaration commune rejetant ce cadre.
Un bras de fer avec Bruxelles
Cette contestation s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les territoires d'outre-mer et l'Union européenne. Les élus locaux dénoncent une centralisation excessive qui ignore les réalités économiques et géographiques des RUP. « Nous ne demandons pas des privilèges, mais une reconnaissance de nos contraintes spécifiques », insiste un élu guadeloupéen sous couvert d'anonymat.
Du côté de Bruxelles, on assure travailler à des solutions adaptées, mais les critiques persistent. Pour les opposants, cette réforme s'apparente à une renationalisation des aides, au détriment des territoires les plus vulnérables. Une position qui pourrait renforcer les partisans d'une Europe plus fédérale, face aux souverainistes.
Un enjeu politique national
En France, cette fronde guadeloupéenne pourrait alimenter les débats sur la place des territoires ultramarins dans la construction européenne. Le gouvernement Lecornu II, déjà sous pression sur les finances publiques, devra arbitrer entre loyauté envers l'UE et défense des intérêts locaux. Une équation délicate, alors que la crise des vocations politiques et la guerre des droites fragilisent déjà le paysage politique.
Pour les observateurs, cette crise révèle aussi les limites d'une Europe parfois perçue comme déconnectée des réalités territoriales. Un défi de taille pour l'avenir de l'Union, alors que les élections de 2027 approchent.