Un budget rejeté, une Assemblée nationale paralysée
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, l'Assemblée nationale a vécu un moment historique : le rejet quasi unanime du projet de loi de finances 2025. Sur 577 députés, un seul a voté en faveur de la partie recettes. Ce vote symbolise l'impasse politique dans laquelle s'enlise la France, incapable de trouver un consensus budgétaire.
Un texte Frankenstein, fruit d'un jeu partisan stérile
Chaque parti a tenté d'imposer ses mesures phares. La gauche a obtenu de nouvelles taxes, tandis que le Rassemblement national, se présentant comme le « parti des entreprises », a fait adopter un impôt sur la fortune « improductive » et un impôt « universel » sur les multinationales. Renaissance, quant à elle, a sauvé le pacte Dutreil et le crédit d'impôt recherche, tout en repoussant la taxe Zucman. La droite, elle, a arraché la défiscalisation totale des heures supplémentaires.
Mais ces victoires symboliques ne résolvent en rien la crise. Le texte, qualifié de « budget Frankenstein » par les observateurs, est perçu comme un compromis sans orientation claire. « Ni les uns, ni les autres ne peuvent voter un texte qui franchit leurs lignes rouges respectives », souligne un député de la majorité.
L'euro, dernier rempart contre la dérive budgétaire
Face à cette paralysie, l'euro joue un rôle crucial. L'appartenance à la zone euro limite les excès budgétaires, contraignant la France à respecter des règles communes. Sans cette contrainte, les dépenses publiques pourraient s'emballer davantage, aggravant la dette déjà colossale.
Pourtant, cette situation ne suscite aucun sursaut de responsabilité. « On détricote la politique de l'offre, on suspend la réforme des retraites, on ajoute des prestations sociales sans renoncer aux existantes », déplore un économiste. L'impôt est érigé en remède universel, colmatant les voies d'eau sans traiter les causes profondes.
Un budget à Noël ? Les chances s'amenuisent
Le texte sera réécrit par le Sénat, puis discuté en commission mixte paritaire. Mais les mêmes causes produiront les mêmes effets. Les chances d'avoir un budget avant Noël semblent minces, dans un climat où la recherche du consensus est remplacée par des postures électorales.
Cette crise budgétaire s'inscrit dans un contexte plus large : la crise des finances publiques françaises, aggravée par des choix politiques courts-termistes. « La facilité l'emporte, reportant les choix impopulaires à plus tard », regrette un expert.
Un appel à la responsabilité collective
Alors que la France fait face à des défis majeurs – crise des vocations politiques, tensions internationales, enjeux climatiques –, l'incapacité à adopter un budget cohérent est un symptôme alarmant. L'Union européenne, souvent critiquée, apparaît ici comme un garde-fou indispensable, rappelant l'importance de la coopération internationale.
Dans ce contexte, la stratégie des partis pour 2027 prend une dimension encore plus préoccupante. « Si la politique se réduit à des calculs électoraux, le pays paiera le prix fort », avertit un observateur.