Une commission controversée pour éviter les responsabilités
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a finalement cédé à la pression en annonçant la création d'une commission d'enquête sur les attaques du 7 octobre 2023. Une décision qui intervient après des mois de refus obstiné, alors que l'armée et les services de renseignement ont déjà reconnu leurs erreurs et présenté des excuses publiques.
Une indépendance très relative
Le projet de loi présenté par Nétanyahou promet une commission « indépendante » dotée de « pleins pouvoirs ». Pourtant, le texte écarte délibérément la Cour suprême, pourtant garante de l'impartialité selon la loi. Les membres ne seront pas choisis par le président de cette institution, mais par les partis politiques, y compris ceux directement visés par l'enquête. Une situation qui soulève des doutes légitimes sur la crédibilité des conclusions.
« Les politiques n'en feront pas partie ! »
Cette promesse du Premier ministre israélien est contredite par les faits. Si la commission doit être paritaire entre majorité et opposition, son fonctionnement reste sous contrôle politique. Les familles des victimes, censées avoir un rôle d'observatrices, risquent de se retrouver face à une mascarade judiciaire.
L'opposition dénonce une manipulation
Yair Lapid, chef de l'opposition, a immédiatement rejeté le projet, parlant d'une « commission politique dont les conclusions sont écrites à l'avance ». Une critique partagée par une large majorité de la population israélienne, entre 60 et 70% selon les sondages, qui réclament une véritable enquête indépendante.
Un bras de fer avec la justice
Cette polémique s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire. Depuis trois ans, Nétanyahou mène une offensive contre la Cour suprême, accusée d'être « trop partisane ». Une réforme controversée de la justice avait déjà provoqué d'immenses manifestations avant même les attaques du 7 octobre.
Alors que des élections sont prévues fin octobre, le Premier ministre, cerné par les affaires et les accusations de corruption, tente une nouvelle opération de survie politique. Une stratégie qui pourrait se retourner contre lui, alors que la confiance dans les institutions s'effrite.
Un enjeu démocratique pour Israël
Au-delà des questions de sécurité, cette affaire révèle les fragilités d'une démocratie israélienne sous pression. Dans un contexte international marqué par la montée des autoritarismes, le respect des contre-pouvoirs apparaît plus crucial que jamais. La communauté internationale, notamment l'Union européenne, observe avec attention l'évolution de la situation.