Un tissu commercial sous tension
Paris, capitale économique et culturelle, voit son équilibre commercial menacé par une double pression : le surtourisme et la spéculation immobilière. Selon une étude récente, la capitale compte 28 commerces pour 1 000 habitants, un chiffre bien supérieur à celui des autres métropoles françaises. Pourtant, cette densité, qui semble un atout, cache une fragilité croissante.
Un équilibre économique précaire
Marie-Sophie Ngo Ky Claverie, directrice générale du Medef Paris, souligne que Paris double sa population chaque jour avec l’afflux de travailleurs et de touristes.
"39 % des commerces d’Ile-de-France sont concentrés dans la capitale, alors qu’elle ne représente que 17 % de la population régionale."Cet équilibre entre besoins locaux et attractivité touristique est de plus en plus difficile à maintenir, comme en témoigne la déchéance du BHV.
La chute du BHV : un symbole des dérives du modèle parisien
Le rachat du BHV par Frédéric Merlin, fin 2023, a marqué un tournant. En privilégiant l’événementiel au détriment des marques traditionnelles, le nouveau propriétaire a brouillé l’identité historique de ce magasin emblématique. L’installation controversée de Shein, le 5 novembre, a précipité le départ de plusieurs enseignes et le désengagement de la Banque des territoires.
La spéculation immobilière, un fléau pour les petits commerces
La hausse des loyers et la transformation des locaux commerciaux en résidences touristiques accentuent la précarité des commerçants. Les quartiers les plus touchés sont ceux où la pression touristique est la plus forte, comme le Marais ou Montmartre. Les politiques publiques, souvent critiquées pour leur manque de fermeté face aux investisseurs, peinent à enrayer cette tendance.
Un enjeu politique majeur
Alors que le gouvernement Lecornu II se concentre sur la crise des finances publiques, la question du commerce parisien reste en marge des débats. Pourtant, la disparition progressive des commerces de proximité menace le tissu social et économique de la capitale. Les élus locaux, souvent divisés, appellent à une régulation plus stricte des loyers et à un meilleur encadrement des locations touristiques.
Vers une Paris moins commerçante ?
Si rien n’est fait, Paris risque de perdre une partie de son attractivité. La capitale pourrait suivre le chemin de Venise ou Barcelone, où le tourisme de masse a étouffé la vie locale. Les solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique forte, absente jusqu’ici.
